vendredi 23 avril 2010

Je les comprends...

Je les comprends...

Ceux qui appellent au statu quo, à la stagnation, à l'immobilisme, je les comprends.

Ceux-là qui veulent nous convaincre que la démocratie n'est pas encore pour nous, qu'il nous faut encore attendre.

Ceux-là qui veulent nous convaincre qu'après tout, tout compte fait, peut-être, mais alors simple hypothèse... peut-être, que la démocratie ne serait pas une bonne chose pour nous.

Alors oui, moi, entre la démocratie et l'anarchisme (et non l'anarchie), mon choix est vite fait. La démocratie n'est peut-être pas une bonne chose, mais par rapport à quoi ?

Alors oui, je les comprends. Je comprends qu'il y ait des gens qui ont l'habitude de recevoir les ordres.

Je comprends qu'il y ait des gens, qui, sans directives claires venant d'en haut, seraient incapables de commander un café.

Je comprends qu'il y ait des gens qui sont habitués à marcher derrière les autres. Jamais devant.

Mais même si je les comprends, je ne me sens pas comme eux.

mercredi 21 avril 2010

فراغ

نظر إلى قاع الكأس فانقبضت نفسه لرؤية ذبابة تصارع بقايا السائل المتجمد. المقهى فارغ إلا من صوت المذياع المهترئ وبعض الرجال الذين يأتون على عجل، يشربون قهوة وقوفا ثم ينصرفون. ضاع مذاق الشاي في فمه تاركا شيئا كالمرارة أو هو المرارة عينها وأدرك أن الجوع سيداهمه بشراسة إن هو لم يجد شيئا يأكله. ليلة البارحة ظل يتجول بين صفحات الفايسبوك دون هدف محدد حتى فاجئه آذان الفجر وهو لا يزال أمام شاشة الحاسوب. توضأ وخرج إلى المسجد، ثم قضى صباحه في "قهوة الحاج" ولم يزل هناك حتى اللحظة. عقارب الساعة تتقدم دون عجلة نحو الساعة الواحدة بعد الظهر وهو لم ينم منذ أكثر من أربع وعشرين ساعة. كيف عساه يجيب هذا الجسد المرهق من اللاشيء؟ ولعل شيئا ما سيحصل إن هو أضرب عن النوم والطعام لأيام. غير أن أفكاره لا تكاد تتركز على شيء ما حتى تتشتت من جديد. فلعل الذي سيحصل هو النسيان، أو الموت بعينه. وفي الأفق لا يلوح شيء غير الرتابة المعهودة. سيرتكن إلى الكسل والخمول إن هو لم يجد عملا آخر ؛ هكذا قالت أمه. ولو أن الحياة أذعنت لإرادته لكان له اليوم زوجة ومنزل. خامرته فكرة الرجوع إلى البيت الذي يتقاسمه مع زميلين منذ زمن الدراسة، لكنه عدل عن ذلك إذ تذكر أواني المطبخ التي لم تنظف منذ أسابيع. وفي مدخل ذلك البيت رائحة عطنة، أو لعله فأر ميت، ولا عجب. فهو بيت لم تدخله امرأة منذ سنوات. تذكر بسخرية كيف قبل على مضض السكنى مع اسكندر وزياد. وهاهو اليوم كزميليه لا يعرف استعمال المكنسة. أما الطبخ فأكل الشارع لا بأس به. تردد بين شاورما أو لبلابي، ثم أجل القرار إلى ما بعد الخروج من المقهى. اتجه نحو الشارع وشعر بالدماء تسري من جديد في ساقيه. صدق حدسه فما شعر بالدوار إلا لشدة جوعه. وتصور ثانية قطع الخبز المنتفخة بالمرق الأصفر ورائحة الحمص فقرر الإتجاه إلى حانوت حمة حيث يباع ألذ لبلابي في الضاحية الشمالية كلها. سيترك السيجارة الباقية إلى ما بعد الأكل. ربت أحد ما على كتفه، فالتفت إليه وسمعه يقول :

ـ خويا، ماخلصتنيش في كاس التاي راك.

lundi 19 avril 2010

Une langue si étrange

Il se rendit compte que la langue qu’il écoutait ne lui était pas connue. Ce n’était pas une langue qu’il entendait au village, ni une langue qu’il aurait apprise à l’école. Le jeune homme continua de parler, comme s'il devinait ses pensées :

- oui, ma langue est étrange. Tu ne l’entendras que de ma bouche car je suis le seul à pouvoir la parler. C’est cette ville qui me l’a appris. J’y ai habité pendant des siècles, mon âme y rôde pour l’éternité. J’ai entendu sur cette terre tous les idiomes et tous les dialectes. Des phéniciens qui sont arrivés voilà des milliers d’années, puis des latins, des wisigoths, des juifs, des germaniques, des gaulois, des maures, des turcs, des vénitiens, des berbères, des peuples noirs, des helléniques, des gitans, des slaves, des commerçants chinois et des voyageurs nordiques, des ambassadeurs russes et des militaires arabes, des philosophes, des religieux, des païens et des athées, des scientifiques, des artistes, des chanteurs et des danseurs de flamenco. J’ai appris d’eux tous et j’apprends encore aujourd'hui, et j’apprendrai jusqu’à la fin des Temps. Je parle chacune de leur langue et je maîtrise toutes les subtilités de chacun de leurs dialectes. Mais je ne me contente pas de ça. Je mélange les langues et je commence une phrase en castillan pour la finir en arabe ou en hébreu. Je fais un poème en gaulois avec les rimes d’un vieux dialecte gitan. Je chante en grec, mais les sonorités sont celles du turc, et la grammaire, elle, anglaise. Je dis des mots en berbère dont les berbères d’aujourd'hui ne se souviennent plus. Le chinois n’a pas de secret pour moi, ainsi que la syntaxe du wolof ou de l’araméen. Je parle toutes les langues et j’utilise des mots en napolitain pour construire une phrase en yiddish. Je parle l’allemand avec des figures de style que seul un albanais serait capable de comprendre. Le mystère, cher ami, c’est comment toi tu arrives à me comprendre.

samedi 17 avril 2010

L'extinction des mâles

Deux générations, pas plus.
Nous sommes les derniers mâles de la race humaine. En tous cas, les derniers qui vivent encore en tant qu'hommes libres, dominateurs et conquérants. On verra dans quelques années, que dis-je ? quelques mois, quelques semaines, l'apparition du nouvel homme. Soumis, castré, aliéné, il sera occupé à jouer avec sa console vidéo tandis qu'au même moment la femme règne sur la terre en maîtresse absolue.
Plus besoin d'hommes pour faire des gamins. On les fabriquera à la chaîne. Plus besoin d'hommes pour jouir, il y aura les sex toys. On est inutile, je vous dis. La loi de l'évolution veut que nous disparaissions car incapable d'évoluer. Les hommes sont-ils adaptés à la modernité ? Évidemment non. Ils se vantent de mépriser le shopping, mais ils ne savent pas que par là même ils signent leur arrêt de mort. A quoi sert un homme qui ne consomme pas ? A quoi sert leurs instincts guerriers, sauf à hurler comme des fous dans les stades ? "Consomme, ou crève !" depuis des années qu'on nous la répète, seules les femmes ont compris.
Dans deux générations l'homme disparaîtra. Il deviendra une "femme comme les autres". Peut-être même moins que les autres. Le fameux complexe d'Oedipe (qui n'a jamais existé sauf dans l'imagination d'un médecin viennois) disparaîtra des manuels de psychologie. Il sera remplacé par un nouveau complexe. Un complexe qu'éprouvent les hommes devant la capacité des femmes à donner la vie.
Baptisons-le : le complexe de l'utérus.
Dans deux générations, pas plus... tout cela sera réel. Alors profitons encore un peu, tant qu'il est temps.

jeudi 15 avril 2010

Soleil de minuit

Quel secret la nuit a-t-elle dévoilé au jour pour qu'il porte vers nous ces mystères parfumés ? Et par quel miracle le soleil a-t-il brillé au milieu de la nuit pour que soudain nos étreintes embrassent l'éternité ? Et en disant cela je vois toujours autour de toi se dresser ce mur de feu alors que tu cherches dans les flammes un sourire bienveillant. Sauter ou mourir lentement ? Et ce ciel qui brille comme une braise au-dessus de ta tête te dit qu'il n'y a d'issue ni en haut, ni en bas, alors n'espère pas atteindre la mer en marchant vers moi. Et même les roses finissent par mourir alors pourquoi s'inquiéter ? Et si un jour quelqu'un raconte cette histoire il commencera par "il était une fois". Mais en vérité il n'était pas une seule fois, mais plusieurs. Et ça, personne ne le sait sauf toi et moi.

mardi 13 avril 2010

Les animaux, eux, vivent et meurent en paix

On dit souvent que l'homme est un loup pour l'homme, mais a-t-on jamais vu un loup en tuer un autre ?
Et si cela par malheur arrivait, le loup a-t-il besoin d'invoquer les cieux, les dieux, les anciennes écritures et la justice pour justifier son crime ?
C'est pour ça que l'animal a plus de noblesse et de dignité que l'être humain.
L'être humain est imparfait. Il est en désaccord total avec lui-même, avec son semblable, avec le monde, avec la vie.
Pour couronner le tout, toi, être humain, tu as inventé le langage. Cette souillure sur le front de tout le règne animal, cette injure face à la vie. Tu as créé les mots pour cacher tes désirs, tu as inventé les phrases pour mentir.
Et le langage a créé tous les prétextes avec lesquels tu caches ta sauvagerie : "civilisation", "culture", "morale", "tradition".
Je te défie de marcher nu. Tu n'en es pas capable.
Un animal est plus digne que toi, car un animal au moins, quand il défèque, il ne se cache pas.
Un animal, au moins, quand il tue, il ne tue pas par plaisir.
A-t-on jamais vu un tigre sculpter des statues d'êtres humains ? A-t-on jamais vu une armée d'aigles porter comme étendard le dessin d'un visage humain ? Pourtant l'inverse est vrai.
Et c'est bien là la preuve que pour l'éternité, nous ne saurons égaler la pureté sauvage d'un tigre du Bengale ou d'un aigle royal.
Et puis, depuis les temps les plus reculés, a-t-on jamais vu un cheval, un moustique, une tortue ou un chat traverser une crise existentielle ? L'a-t-on jamais vu se demander quel était le sens de sa vie ?
Non, jamais.
Car les animaux, eux, ont accepté la vie comme elle est. Pas nous.
Les animaux, eux, vivent et meurent en paix.
Pas nous.
Pas nous.
Pas nous. Et c'est une bien douloureuse réalité.

dimanche 11 avril 2010

L'éternel Retour

« ... Cette fois-ci, pourtant, je viens en tant que Dionysos victorieux, qui va mettre le monde en vacances ... Mais je n'ai pas beaucoup de temps.»

Friedrich Nietzsche (dans une lettre à Cosima Wagner)

jeudi 18 février 2010

تعليمات

"ولئن تجاوبت عديد التدخلات مع هذه التعليمات ملتزمة الإيجاز ومتجنبة ديباجات الحشو والمديح والشكر والثناء مع الإكتفاء بتوجيه سؤال وحيد حسب ما أمكن لنا معاينته في جانب من الجلسة الحوارية- فإن الطبع غلب على التطبع لدى عددمن النواب و رغم اجتهادهم في الإيجاز فإنهم لم يتخلصوا بعد من عبارات التنويه بالمكاسب وتجاوزوا مجال التدخل المحدد بسؤال واحد وهو ما حدا برئيس الجلسة في أكثر من مناسبة إلى تذكير المعنيين بالتعليمات وحينما أعياه الأمر اكتفى بترديد عبارة «بدون تعليق»والتي تغنينا بدورنا عن التعليق..


في مقابل ذلك بدا وزير الفلاحة والموارد المائية والصيد البحري متمسكا بالتعليمات التي تعفيه من الرد على الأسئلة المتكررة رافضا في أكثر من تدخل التعقيب على استفسارات سبق طرحها خلال الجلسة بل ولم يتردد في الإشارة إلى أن بعض الأسئلة تولى الإجابة عنها أثناء مناقشة ميزانية الوزارة"


mardi 9 février 2010

Les émotions du matin, et les émotions du soir


Les émotions du matin ne sont pas comme les émotions du soir. Elles n'ont pas les mêmes couleurs.

Les émotions du matin sont fraîches et nouvelles. Elles sont légères et de couleurs claires. Elles peuvent être tristes ou joyeuses, mais elles sont légères comme le jour qui se lève.

Les émotions du soir sont plus lourdes.

Elles sont profondes, sombres. Elles sont plus complexes et elles s'enfoncent dans l'âme, comme le soleil dans l'horizon.

Mais qu'elles soient du matin ou du soir, les émotions portent en elles la promesse du changement. Car comme le matin, comme le soir, les émotions reviennent puis s'éloignent...

Seuls les sentiments restent.

lundi 8 février 2010

La politique de l'absurde

Qu'est ce qu'on reproche à Tarek Kahlaoui ?

D'avoir exprimé ses idées nocturnes ?

C'est vrai que dans ce pays seules les idées diurnes peuvent être exprimées.

Mais où va ce pays qui refuse de se regarder dans le miroir ?

Les meilleurs sont partis.

Les moins bons sont partis, les médiocres sont partis, les nuls sont partis. Les hommes, les femmes, les scientifiques, les littéraires, les architectes, les commerciaux, les économistes...

La jeunesse se barre. Et tout le monde s'en fout. Et lorsque la jeunesse qui s'est barrée ouvre sa gueule pour parler de son pays, on l'empêche de le faire.

Quel pays !

dimanche 7 février 2010

La Femme

Ceux qui parlent de "La Femme" ou des "Femmes", ne connaissent pas assez la femme qui est en eux.
Car celui qui fait connaissance avec la femme qui l'habite ne projette plus son image sur les femmes qui l'entourent.
Il ne dira plus : "vous les femmes vous êtes faibles", car il sait que cette faiblesse est en lui.
Il ne dira plus : "vous les femmes vous êtes fortes", car il sait que cette force est en lui.
L'homme qui voit la femme en lui ne parle plus des femmes, il se tait. Il observe la femme en lui et essaie d'y puiser sa force et sa lumière. Ainsi, cet homme trouvera toutes les vertus guerrières dans Athéna. Il trouvera aussi une source inépuisable d'amour dans Aphrodite. Il trouvera la sagesse, la maternité, la bienveillance, la douceur, l'intuition, le foyer, l'intelligence, le coeur et tant d'autres vertus. Car tout ce que les femmes ont porté, l'homme le porte en lui depuis toujours. Et ce n'est pas parce que l'homme est le tout qui contient la femme, mais parce que l'homme et la femme sont un tout qui se complète.
Et c'est pour ça aussi qu'en chaque femme il y a un homme.

samedi 6 février 2010

ALL IS ONE

vendredi 5 février 2010

Politique, dites-vous ?

Non, j'ai arrêté...

Wallah j'ai arrêté !

Il paraît que ça abîme la santé. C'est pas bien. Une mauvaise habitude, voyez... C'est mieux comme ça. Je me sens mieux... Enfin, je me connais... A chaque fois je dis que j'arrête... mais bon, on verra pour cette fois...

jeudi 4 février 2010

Les avions

Embarquement. Armement des toboggans. Vérification de la porte opposée. Je perdis de vue le vieil homme à la canne qui était assis en face de moi dans la salle d'embarquement. C’est bizarre, un avion. Tellement bizarre. Cela nous a-t-il rendus plus heureux, de pouvoir voler comme des oiseaux ? Mieux que des oiseaux ? Je ne sais pas. Et ce vieil homme à la canne, que ressent-il, lorsque les réacteurs sont à pleine puissance ?

mercredi 3 février 2010

Issue de secours

Loin du vacarme de la ville il y a en nous un espace non encore pollué. Cherchez-le car c'est votre seule issue de secours. Préservez-le des yeux des autres, de la publicité, des politiques, des bourgeois bien-pensants. Préservez-le des autres, il est seulement à vous...

mardi 2 février 2010

Vert

lundi 1 février 2010

Marley (2)

Je sors donc promener le chien. Marley frétille. Il tremble de tout son corps et je ne sais pas si c’est l’émotion de retrouver la liberté ou simplement l’envie de pisser. Mais peu importe, moi aussi je tremblais, mais parce qu’il faisait très froid.

dimanche 31 janvier 2010

Open-space

Christophe regarde par la fenêtre et dit : « les tombes sont redevenues toutes noires ». Un voix de l’open-space lui demande : « et elles étaient comment avant ? » Il dit : « elles étaient toutes blanches quand il a neigé. C’était beau. Maintenant c’est redevenu noir. Tout noir. C'est triste »

samedi 30 janvier 2010

Marley

Quelques mois après la séparation d’avec Martine j’ai acheté un chiot dans une boutique. Je suis rentré et j’ai pris le premier que j'ai vu. J’ai réglé, et je suis parti. J’avais besoin d’un chien. Peu m’importait la race, la couleur, le sexe. Après cela il fallait lui inventer un nom. Je pensais l’appeler Bobby mais ça ne me plaisait pas. Bobby me fit penser à Bob, et Bob à Marley. Je l'ai appelé Marley. C’est aussi simple, aussi con. C'est probablement aussi simple et aussi con que la vie elle-même.

vendredi 29 janvier 2010

Sophie

« Tu ne connais pas encore Sophie ? Tu devrais… »

Bertrand me regardait derrière ses lunettes au cadre noir et épais. Une mèche de cheveux gris lui tombait sur le front et j’aurais parié qu’il était amoureux de Sophie. Nous étions seuls, dans une salle de réunion au nième étage d’une tour à La Défense. Il faisait frais dans cette salle (la commande du chauffage était centralisée). Nous attendions que les autres arrivent. Nous attendions que Sophie arrive. Il a neigé toute la nuit. Une nouvelle semaine commence et moi je regarde par la fenêtre et je remarque que toutes les fenêtres de cette tour ne s’ouvrent pas. Tout était blanc dehors. Sophie arrive.

jeudi 28 janvier 2010

Les salles d'embarquement (2)

Une salle d’embarquement est un lieu suspendu entre deux mondes ; celui que nous avons laissé derrière nous et celui qui nous attend. Autant l’un que l’autre nous sont inconnus. Le passé se condense et se cristallise. Il n’en reste plus qu’une seule photo de famille lors d’une fête quelconque ; le sourire artificiel de quelques individus qui regardent le photographe avec hébétement.

mercredi 27 janvier 2010

Ayuda fraterna

WE keep the gold. YOU help your brothers!

mardi 26 janvier 2010

La vie est un écrivain qui a du talent

Si on me demandait ce que je pensais de la vie, je dirais tout simplement que c'est un écrivain qui a du talent. Nous passons des journées, des semaines, des années, à écrire une histoire. Nous faisons tout pour rendre l'histoire parfaite. Vraie. Touchante. Nous imitons la vie. Mais la vie, elle, n'a rien à prouver à personne. Elle écrit ses histoires tous les jours. Des histoires parfaites, vraies, touchantes. Elle n'attend pas d'être publiée. Elle n'espère pas des mots d'encouragement. La vie est un écrivain qui a du talent, et qui, en plus, n'a pas peur d'écrire de temps en temps des choses médiocres.

lundi 25 janvier 2010

Paris

Mon oncle Ali s’installa à Paris au début des années quatre-vingts. Depuis, personne ne sut plus rien de lui. Je grandis avec l’idée que Paris l’avait englouti avec sa grande bouche monstrueuse. Paris avait une bouche et des entrailles dans lesquelles je voulais être moi aussi englouti. Je voulais disparaître loin, très loin. Etre oublié. Et renaître.

dimanche 24 janvier 2010

Les salles d'embarquement

Ce n'est qu'après plusieurs années d'attente que je compris enfin que tous les lieux sont en train de se transformer en salles d’embarquement. Tout devient un lieu de passage dans un monde qui méprise la sédentarité. La mobilité est un mot d’ordre. Les salles d’attentes dans les gares ne sont plus ces lieux de passage mais des lieux de vie. Bouger ne constituait plus l’exception ; mais bel et bien la règle.

mercredi 6 janvier 2010

Faut-il être amoureux pour se sentir heureux ?

Être amoureux, c'est souffrir de l'absence de l'autre. C'est être dans la passion, donc être forcément dépossédé d'une partie de soi-même. Être tout le temps en manque.
Et je ne vous parle pas du cortège des sentiments empoisonnés qui accompagnent en général ce sentiment d'amour : jalousie, rivalité, possessivité...
Ne pas être amoureux, c'est peut-être un bon moyen pour devenir heureux. Un moyen efficace de vivre l'instant et d'en profiter. Il faut vivre le désir avec espoir, et vivre le plaisir sans tension.

mardi 5 janvier 2010

La persona

Lorsque nous marchons dans notre inconscient nous pouvons rencontrer notre "persona". Notre image sociale, notre masque.

La persona n'est pas le Moi, mais elle fait partie de la totalité psychique, le Soi. La persona, c'est tout ce que j'ai atteint, ma position sociale, mes diplômes, mon job, comment les autres me regardent, l'image qu'ils se font de moi et que je m'efforce à préserver...

Ce n'est pas moi, mais bien nombre de personnes confondent leur moi avec leur persona. Du coup, la persona pompe toute l'énergie psychique disponible et prive le psychisme de développer d'autres "personnages". Elle opprime les autres, les martyrise, et il faut s'en défaire pour pouvoir avancer sur le chemin de la libération de soi.

lundi 4 janvier 2010

Faites vous-mêmes votre malheur !


On peut s'empêcher de vivre son bonheur... On peut œuvrer activement à faire son propre malheur, comme le dit Paul Watzlawick dans son si éloquent "Faites vous-mêmes votre malheur".

Paul Watzlawick nous démontre que chaque possibilité de bonheur peut être facilement détruite si on est assez persévérant. Posez-vous plein de questions, sur vos propres sentiments, sur ceux des gens qui vous entourent. Posez-vous des questions, et insistez. Puis posez les mêmes questions aux autres, et insistez. Beaucoup.
Demandez par exemple à la personne que vous aimez si elle vous aime vraiment. Vous aurez ce genre de discussion :

- Tu m'aimes ?
- Oui.
- Mais est-ce que tu m'aimes vraiment ?
- Oui.
- Mais vraiment, vraiment, tu m'aimes ?
- …
Il faut y mettre de la bonne volonté. Il y a des gens doués pour ça. Et les gens doués pour ça sont généralement des gens doués tout court. Le paradoxe des gens doués c'est qu'ils sont tellement intelligents qu'ils se privent d'être heureux. Ils n'arrêtent pas de se poser des questions. Ils n'arrêtent pas de "vouloir être malheureux".

dimanche 3 janvier 2010

Hold-up sur le Moi

Depuis Freud on sait que la plus grande partie de nous-mêmes est enfouie. Elle est inconsciente. L'inconscient détermine beaucoup de nos actes et nous oblige parfois à agir contre notre volonté consciente. Il nous pose bien des souffrances et nous empêche d'être conscients de notre place dans le monde. Parfois, il pourrit nos relations avec les autres. Mais l'inconscient n'a pas de nature « morale ». Il n'est pas bien ou mal. Il est ce qu'il est : une somme immense de désirs, d'instincts, de fantasmes, très souvent en contradiction les uns avec les autres et le plus souvent aussi : inconciliables avec la réalité.

C'est une aberration que de croire que l'être humain constitue une unité. Cela est flagrant : chacun est plusieurs, chacun est fragmenté, multiple... A l'intérieur de nous il existe d'autres personnes. C’est en marchant dans l'obscurité de notre inconscient que nous allons à la rencontre d'autres personnages. Ces personnages sont en nous, mais ils ne sont pas nous.

Jung sépare le Moi du Soi. Le Soi : c'est tout ce qui existe à l'intérieur de nous. Notre totalité psychologique. Le Moi : c'est la partie consciente. Les perceptions, les sensations, les réflexions, les sentiments. L'objet du moi est d'assurer l'adéquation avec la réalité. L’inconscient, quant à lui, est habité par tous ces personnages invisibles dont on ignore l’existence.

En fait, les problèmes commencent lorsqu’un de ces personnages prend les commandes et s’empare du Moi. Une sorte de hold-up face auquel nous restons sans défense. Notre Moi agit « contre notre propre gré ». Nous agissons d’une manière que nous regrettons aussitôt. Une fois sa tâche accomplie, le personnage se réfugie dans les plis de notre inconscient, on ne le voit plus. Il nous laisse en désarroi, embarrassé par notre comportement qui n’était pas vraiment le nôtre.

samedi 2 janvier 2010

Vraiment ?

Elle : Chéri, est-ce que je te plais ?
Lui : Oui, bien sûr ma chérie.
Elle : Mais est-ce que je te plais vraiment ?
Lui : Bah oui, voyons ! Pourquoi cette question ?
Elle : Rien... Mais je t'ai senti un peu gêné quand tu m'as répondu la première fois... C'est que, peut-être après tout... je ne te plais pas...
Lui : Mais non, tu dis n'importe quoi.
Elle : Tu n'es pas bien, je le vois dans tes yeux.
Lui : Non, je suis pas bien.
Elle : J'en étais sûr. Je ne te plais pas.
Lui : Si tu me poses cette question c'est que moi je ne te plais pas. Tu projettes sur moi ce que tu ressens toi-même.
Elle : Moi ? bah non, alors là non, bien sûr que tu me plais !!
Lui : Je te plais... Vraiment ?
Elle : ...??!

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Moralité de l'histoire : pour chercher des problèmes et installer le doute, il suffit de poser une question banale deux fois, en rajoutant la deuxième fois le mot magique : "vraiment ?".

vendredi 1 janvier 2010

Le paradoxe de la nostalgie

La nostalgie. Ce sentiment complexe, paradoxal…

Quand il s’empare de nous, nous ne savons plus si nous voulons rire ou pleurer. Il nous plonge dans un état étrange, il nous bloque, il nous émeut…

Une fois déclenché (par un souvenir, par un objet, par une personne…), le sentiment de nostalgie nous submerge par le souvenir de la joie retrouvée. Nous revivons le souvenir de l’objet aimé et nous nous rappelons à quel point cet objet (ou cette personne) nous procurait de la joie.

Mais presque au même moment nous nous rendons compte que cela n’est pas réel, que c’est juste un souvenir. Le sentiment de perte provoque une tristesse qui s’empare de nous et qui vient s’opposer à la joie. Plus la joie retrouvée est immense, plus la tristesse est grande de l’avoir perdue. Ainsi, la nostalgie procède par un mélange de joie et de tristesse. C’est pour ça qu’elle est paradoxale. Elle nous donne envie de rire et de pleurer.