mercredi 31 décembre 2008

2009, une année (pas) comme les autres

(Note rédigée à l'origine pour le jour de l'an 2007)

Chaque minute qui va passer pendant l'année 2009, des enfants vont mourir de faim, de soif, ou de maladies. Leur seul tort, c'est d'être nés là où ils sont nés : pays pauvre, pays en guerre, familles défavorisées...etc. On s’en foutra, comme en 2008.

En 2009, il y aura des riches qui deviendront plus riches, et des pauvres qui deviendront encore plus pauvres. Personne ne s'en indignera. C’est ainsi depuis la nuit des temps.

Quelque part sur cette terre, en 2009, une guerre va éclater. Les gens vont s’entretuer jusqu’à ce que l’acte de tuer devienne des plus banals. Les innocents qui vont mourir, on ne les comptera plus. De toutes façons il n’y a plus d’innocents dans notre monde.

En 2009, comme il en est toujours, l’histoire va se répéter encore une fois. Probablement en pire cette fois.

L’atmosphère va s’asphyxier encore plus. Les autres êtres vivants vont encore souffrir de notre présence. Dieu sait combien parmi ces bestioles vont disparaître à jamais. Mais ça n’émouvra personne.

En 2009, nous n’arrêterons pas notre course effrénée vers le progrès. Produire plus, gaspiller plus, polluer plus. Ceux qui ne gaspillent pas suffisamment feront des efforts pour gaspiller plus et mieux. On n’oubliera pas pendant 2009 qu’il est interdit d’arrêter le progrès, même si on fonce droit dans le mur.

Mais en 2009, il y aura sûrement plus de justice dans le monde. Des hommes braves rendront notre monde plus juste grâce à des attentats, guerres et assassinats qu’ils commettront. D’autres gens vont mourir, mais la justice va régner, enfin.

Il y aura aussi plus d’indifférence, plus de haine, plus de chaos. On deviendra plus individualiste en 2009. Mais on va espérer une bonne année, tout de même.

Nous penserons aux autres pendant cette fin d'année 2008, et dans un an, nous leur ferons les mêmes vœux. Ça dans le cas où ça serait encore nécessaire.

Car sait-on jamais, il se peut que 2009 soit l’année de la délivrance pour nous tous. Peut-être qu’en 2009 quelqu’un là-haut, décide de mettre fin à tout ça. Les anges de l’Apocalypse vont débarquer du ciel, chargés de libérer la terre de notre poids. Plus besoin de souhaiter bonne année en 2009, puisque ce sera la fin.

Bonne fin, damnés !

jeudi 25 décembre 2008

Blanc


mercredi 3 décembre 2008

La blogosphère comme projet anarchiste

Une des choses qui me plaît dans l'activité blogosphérique tunisienne, est que cette espace virtuel peut être comparé à une TAZ (Temporary Autonomous Zone). TAZ ? Mais c’est quoi au juste ?

Hakim Bey, anarchiste notoire et inventeur du terme TAZ, refuse de donner une définition de la TAZ mais la décrit comme :

"(...) une insurrection sans engagement direct contre l'État, une opération de guérilla qui libère une zone (de terrain, de temps, d'imagination) puis se dissout, avant que l'État ne l'écrase, pour se reformer ailleurs dans le temps ou l'espace."

La TAZ n'est pas violente, elle ne pratique pas le terrorisme, mais milite contre l’autorité. Dans la TAZ les regroupements se font non pas par familles liées par le sang, mais par bandes liées par l'affinité. L’Etat, ou toute forme de pouvoir, ne peut pas détecter l’existence d’une telle zone, du moins pendant un certain temps. C’est pour cela qu’elle est « temporairement autonome ».


Par certains côtés, la blogosphère manifeste un acte de résistance contre l'autorité sous toutes ses formes : autorité de l'Etat, mais aussi autorités des traditions, du religieux, des dogmes, et du politiquement correct.

La blogosphère n'est pas seulement un espace d'échange : c'est un espace d'insurrection. Et l'insurrection a ceci de beau qu'elle est éphémère. L'insurrection n'est pas la révolution, car l'insurrection échappe à l'infernale roue dialectique de Hegel qui veut que tout finit par absorber son contraire. Les révolutions qui se sont levées contre l'autorité ont produit les pires dictatures de l'histoire. Les révolutionnaires d'aujourd'hui sont les gouvernants de demain, et donc potentiellement, les bourreaux d'après-demain.

La blogosphère, autant que je sache, n'a pas pour projet de fournir une alternative au pouvoir. Elle n'a pas de projet révolutionnaire. La blogosphère critique, dévoile, montre du doigt les dérives de l'Etat et des médias complices. Mais ses membres restent anonymes pour la plupart, indéfinissables, pouvant changer d'identité tous les quatre matins. La blogosphère est, par définition, informe, incolore, inodore.

A ces débuts, et sûrement encore aujourd'hui, la blogosphère est quelque chose d’inintelligible pour ceux qui ont le pouvoir politique, médiatique et financier. La blogosphère n’est pas un parti politique, ni une association d'opposants. Un blog n’est pas un journal ni un manifeste politique. L’action de blogguer n'est pas vraiment clandestine, sans pour autant être totalement transparente. Un bloggeur n’est pas un journaliste, ni un reporter, et encore moins un politicien. En vérité il est tout ça à la fois. La blogosphère existe à peine, car elle est avant tout virtuelle, et c'est cela sa force.


La blogosphère est une sorte de Fight Club. Chuck Palahniuk, l’auteur de ce livre devenu un film à succès, a des affinités non cachées avec la pensée anarchiste et plus particulièrement Hakim Bey.


Mais aujourd'hui l’heure de la fin semble s’approcher. Les blogs deviennent de plus en plus connus. Les politiciens se rendent compte de la nuisibilité potentielle d’une telle zone et procèdent à la censure et à la punition. Le Capital envahit les blogs avec sa logique marchande (pubs, buzz, concurrence entre bloggeurs,…). Les médias classiques comprennent mieux les blogs, essayent de faire en sorte qu’ils s’intègrent dans leur système et leur logique. Les bloggeurs, quant à eux, sortent de l’ombre, deviennent des stars, entrent dans le système, s’organisent en associations…


Est-ce la fin ? C’est peut-être la fin de la blogosphère en tant que projet anarchiste, mais la TAZ elle continue de vivre, ailleurs, en changeant de forme, de visage et de messagers. La blogosphère, elle, se normalise : elle devient normale (au sens ordinaire) et normalisée (régie par des normes).