mardi 15 janvier 2008

Une drôle de façon de voir l’existence


Je me suis demandé combien d'internautes liront un post intitulé « Angoisses ». Le titre n’est pas accrocheur, mais j’ai eu quelques réactions tout de même. Dans une discussion privée, une lectrice a trouvé que ce post décrivait une « drôle de façon de voir l’existence ».

Je n’ai rien fait, à part exprimer une certaine angoisse du Néant. Une angoisse que certains existentialistes considèrent comme l’essence même de l’homme. Une angoisse qui naît de la conscience de l’absurdité totale de la vie et de l’absence de tout sens.

Woody Allen dit à propos de l’absurde : « [La réalité est] absurde. Dénuée de sens. En cela, elle est foncièrement tragique, avec des moments amusants, à la surface (…). On devient vieux, malade, on meurt. Tout ce qu'on a été, tout ce qu'on a fait aboutit au néant. Bergman est mort, c'est fini. » Je partage cette vision selon laquelle le tragique est le propre même de l’existence, sa vérité la plus profonde. Nietzsche trouvait que c’est exactement ce caractère tragique qui fait que la vie est sainte par elle-même et qui fait qu’elle n’a pas besoin de valeurs supérieures pour lui conférer la sainteté.

Néant, absurde, angoisse, tragique. Je conviens bien que ce soit des mots pas très gais et que par conséquent cette façon de voir l’existence est repoussante, voir effrayante. On préfèrerait de loin des mots optimistes, pleins de vie, de promesses et d’espoir. Autant dire des mots tirés d’une messe religieuse ou bien d’un spot de publicité. Mais notre fuite face au Néant (dans la messe, ou dans la pub) ne le supprime pas. Notre refus à voir l’existence comme elle est ne change en rien la vérité qui veut que l’existence soit un fil tendu entre deux néants.

On se console en disant qu’on aura « un orgasme qui durera soixante-dix ans », ce qui peut être vraie dans une certaine mesure mais pas suffisant. Car cette vision hédoniste de la vie occulte la douleur et la souffrance et essaie de nous faire croire qu’à soixante-dix ou quatre-vingts ans, on a moins d’angoisses face au Néant.

Pourquoi on ne se suicide pas donc ? Tout simplement parce que l’angoisse et la certitude du nihilisme ne signifient pas le pessimisme. On peut tout à fait vivre avec tout ça, bien que cela paraisse difficile.

Et que ferons-nous dans ce cas ? Meubler le temps, à la manière de Vladimir et Estragon dans « En attendant Godot » de Beckett. Porter notre rocher, tel Sisyphe, et monter jusqu’au sommet. Mais « il faut imaginer Sisyphe heureux » comme dit Albert Camus. Vivre notre tragédie en hommes heureux. Non pas comme des imbéciles heureux, ignorant leur sort ou l’occultant par diverses distractions, mais en héros conscients de ce qui les attend. Car Nietzsche avait raison : « le héros est gai, voilà ce qui a échappé jusqu’à maintenant aux auteurs de tragédies ».


dimanche 13 janvier 2008

Angoisses

Entre deux néants quelque chose surgit. Et pendant un bref instant, cette chose s’intensifie luttant contre les ténèbres qui l’entourent. Une petite lumière, éphémère, pâle, fragile. Elle sera bientôt éteinte.

L’existence est une panne dans l’essence du Néant. Une erreur temporaire, corrigée aussitôt par les forces centripètes de l’infernale machine nihiliste. Tel un trou noir qui engloutit tout, même la lumière, surtout la lumière, le Néant broie tout et n’épargne rien.

Le point lumineux grossit petit à petit. Mais son accroissement porte déjà les graines de son anéantissement. Telle une bulle de savon, l’existence court vers sa fin, vers sa dilution finale et son retour définitif au Néant. Retour au rien, à l’inexistant, au Tout, à l’origine, à la seule vérité. A Dieu.

La vérité est une froideur sans nom où même le temps ne peut exister. Une froideur où tout est impossible, même de ressentir la douleur du moi.

Croire que l’existence peut nous apporter joie et bonheur est une piètre consolation. Car tout se déroule sur un fond tragique. L’arrière plan est sombre. Les décors sont morbides. Au-delà de la scène sur laquelle nous nous produisons, un abîme nous attend. Nos loges sont nos tombes.

Tant que le nihilisme règne en maître absolu, l’éternel Retour ne peut être que l’affirmation de la négation. Le règne de la nécessité. La momification de l’Etre dans l’attente de l’expédier vers son lieu d’origine. Les forces reviennent mais ne chassent pas le négatif, elles le retiennent, l’intensifient, le nourrissent et le poussent vers le centre. Tant que nous vénèrerons le Néant –et nous le vénèrerons toujours- ces forces ne peuvent être que centripètes. Tout revient, le même revient, et il revient au même. Les images se reproduisent, reviennent, persistent, à chaque fois plus pâles, de plus en plus médiocres. Jusqu’à ce qu’elles soient englouties, oubliées, effacées. Le Néant n’a pas de mémoire.

jeudi 10 janvier 2008

Pourquoi écrire quand on n'a rien à dire ?

(Publié pour la première fois le 12 mai 06, remanié depuis mais toujours d’actualité.)

Les blogs fleurissent comme des champignons. On en trouve partout sur la toile. Et pire, il est plus facile de créer son propre blog que de lire celui d'un autre. J'en ai fait l'expérience moi-même. « De toutes façons le seul blog vraiment intéressant, c'est le mien » se dit le blogomaniaque.

On pourrait dire que le plus souvent, la blogomanie résulte d'un ego surdimensionné, une solitude immense et un malentendu chronique avec le monde dans lequel on vit. De tels symptômes sont assez courants, ce qui explique peut-être le nombre grandissant de blogs.

Un blogomaniaque se voit comme le centre du monde, l’homme ou la femme la plus intéressante qui soit. Ses journées, ses coups de gueule, ses crises d'ado ou crises de la quarantaine sont des sujets tellement importants qu’il devient indispensable d'en informer le public sur-le-champ.

Sur internet ce n'est pas la vraie vie. On peut se cacher derrière un pseudo, on peut raconter des exploits complètement imaginaires, comme on peut parler de ses conneries et de ses ratées sans craindre les moqueries des autres. C'est pour ça qu'au lieu de se réfugier dans l'art, l'alcool, la collecte des timbres ou tout autre occupation, de plus en plus de gens ouvrent des blogs.

Parfois, et pour notre plus grand malheur, ceux qui choisissent la blogomanie sont ceux qui ont le moins de choses à dire. La preuve : lisez un blog au hasard. Il y a des chances que le blogueur soit un vrai blogomaniaque. Il a certainement posté un jour un post du genre : "Je sais pas ce que je vais écrire car je n'ai rien à dire, mais j'écris quand même". Le monsieur (ou la dame) ne se gêne pas. Il préfère poster quelque chose que ne rien poster du tout. La nature a horreur du vide, et il ne veut pas imaginer la blogosphère vide de sa voix, même si elle est inaudible parme des millions d’autres. Et même si, au fond, il n’a rien à apporter sauf d’en rajouter à la misère du monde.

De toutes les façons c'est plus fort que lui. Il postera. Et nous comme on n'a absolument rien à faire d’autre dans notre vie, on le lira, comme des cons, au lieu de lui crier : POURQUOI ECRIRE SI T'AS RIEN A DIRE ?

mardi 8 janvier 2008

ملاحظات حول التدوين الصوتي


توة مدة بعض اللخيان بادروا بإنشاء مدونة مختصة في التدوين الصوتي (رديون). وهذي بادرة طيبة على خاطر التدوين الصوتي موضة جديدة قاعدة تنتشر توة وآنا نرى اللي باهي ياسر كونو نشوفو حاجات كيف هكة في البلوغوسفار التونسية.

تبقى التدوينات اللي قاعدين نراو فيهم على رديون ما يمكنش حسب رايي يكونلهم النجاح المنتظر . علاش ؟ على خاطر التدوين الصوتي عندو خصوصياتو اللي يتميز بيها على التدوين الكتابي. فتدوينة كتابية هي أقرب ما تكون لمقال في الصحافة المكتوبة. ورايي الشخصي (اللي ما يلزم حتى حد) هو كونو تدوينة كتابية باهية هي عبارة على مقال صحفي باهي. بمعنى آخر نفس المعايير اللي نقييموا بيها مقال فيا الصحافة المكتوبة ننجموا نقيموا بيها تدوينة كتابية ، مع الأخذ بعين الإعتبار وأنو المدون شخص هاوي وماعندوش الخبرة المهنية متاع صحفي محترف (رغم اللي كلمة صحفي محترف أهميتها محدودة جدا في بلاد ولات فيها الصحافة بودورو هي القاعدة ، وقداش من مدون على تن ـ بلوغز يفوت برشة ناس عندهم بطاقة صحفي).


دونك ، إذا كانت التدوينة الكتابية عبارة على نسخة معدلة من العمل الصحفي الكتابي فإنو التدوينة الصوتية هي كذلك نسخة معدلة من الصحافة المسموعة. وما يخفى على حد اللي القواعد متاع الخدمة والمعايير متاع التقييم تختلف بين الزوز أنواع هاذم متاع العمل الصحفي .

كي تبدا تقرى في مقال تنجم تنقز فقرة ، تمشي ديراكت للبارتي اللي حاجتك بيها ، تقرى فيسع (أون دياغونال كيما يقولو الفرنسيس) ، على خاطر المقال بكلو تنجم تشوفو في نظرة وحدة وإنتي اللي مسيطر عليه موش هو اللي مسيطر عليك . على العكس من ذلك التدوينة الصوتية هي اللي تحكم فيك . لازمك تسمع ماللول للخر ، وإذا كان ما عجبكش وحبيت تشوف آش تقال في آخر الحديث صعيب ياسر باش تعرف فيسع فيسع اللي فمة حاجة مهمة تقالت في الدرجين اللخرنين .

هذاكة علاش التدوينة الصوتية يلزمها تكون مخدومة مليح ، وأول حاجة هي الطول متاعها (ما يلزمش تكون طويلة برشة) والنسق (معناها الريتم) اللي ما يلزموش يكون طايح برشة . بالنسبة لي تدوينة صوتية جيدة أو ممتازة هي عبارة عن برنامج إذاعي كي تسمعو ما تحسوش ثقيل وكل دقيقة تتعدى تشرهك باش تسمع الدقيقة اللي من بعد .

آنا واحد مالناس ما نجمت نسمع حتى تدوينة صوتية حتى للخر . ومن أهم الأسباب هي اللي التدوينات هاذي طويلة ياسر وساعات تصير فيها "ديلوسيون" متاع الموضوع في أحاديث جانبية ماعندهاش علاقة مباشرة بالموضوع . التدوين الصوتي ماهواش تسجيل صوتي لمحادثة في المقهى ، خاصة وأنو السيد المستمع ما عندو حتى قدرة على المشاركة في الحديث . وتدوينة مخدومة ما يمكنش يكونو فيها أسئلة من نوع : "آش قولك يا سي فلان في قضية (...)". يلزم فمة مينيموم متاع تسلسل منطقي للأسئلة وفمة توجيه للحوار مع تجنب السقوط في العموميات. يلزم وقت محدد للتدوينة ووقت محدد لكل مشارك وأسئلة بقدر كافي من الدقة والوضوح .

الحاصل ، نشالله اللخيان ما يتغششوش ويمشي في بالهم اللي البوست هذا ضد زيد والا عمر . خاصة اللي البلوغوسفار متاعنا تعاني من الطائفية والعصبيات القبلية...

ماني

dimanche 6 janvier 2008

Aujourd'hui je me suis réveillé tard

Aujourd'hui je me suis réveillé tard. Dehors il pleut. Je sens déjà que cette journée sera perdue car celui qui se réveille tard passe sa journée à courir. Je suis malade, je n’ai envie de rien. Mais je sais qu’il faut que je poste quelque chose sur ce blog. Ça fait tellement longtemps que je n’ai rien publié.

Je mets un peu de musique que mon frère m’avait passée lors de ma dernière virée à Tunis. Je découvre le groupe Dream Theater. Mais évidemment vous vous en foutez. Car si j’étais à votre place, j’aurais arrêté la lecture de ce post débile dès la première phrase. Il n’y a pas pire que de commencer un post de blog par une phrase pareille : « Aujourd'hui je me suis réveillé tard ».

Ecrire pour quoi dire ? Participer aux « débats » ? Régionalisme ? Bhutto ? L’annulation du Dakar ? Ou simplement vous souhaiter bonne année ?

Non, il me faut un sujet intéressant. Par exemple, écrire sur une de mes dernières lectures : « Nietzsche, par Gilles Deleuze ». Laisse tomber. Zéro inspiration. Zéro motivation. Et puis qui les lira ces sujets ? Autant vous parler de ma visite chez le dentiste hier. Autant commenter un match de football.

Des sujets légers ? Oui, sûrement. Trois minis meet-up que j’ai eus à Tunis, la nouvelle copine de Sarko, ou peut-être écrire sur le film de Ken Loach ?

La vérité est que le dégoût me gagne de plus en plus et j’en arrive à me demander pourquoi j’ai ouvert ce blog, et pourquoi je le garde. Je me sens de plus en plus étranger, à moi-même et aux autres et surtout à cet espace que j’ai déjà fermé avant de le rouvrir (pour des raisons que je suis moi-même incapable d’expliquer d’une façon pertinente).

L’écriture n’est qu’un jeu de séduction. La séduction ne me séduit plus.

Malgré les pauses prolongées et répétitives ce blog s’essouffle.

Je m’ennuie. Je n’ai pas le courage de sortir. Je regarde mon blog et je me dis : il faut que je poste quelque chose, il le faut. Et je me dis que je vais poster un truc débile, le plus débile que j’ai jamais écrit. Je prends mon clavier et je tape :

« Aujourd'hui je me suis réveillé tard. Dehors il pleut… bla bla bla… »

(Ecrit le samedi 5 janvier 08. Bonne année à tous.)