lundi 28 avril 2008

Le testament du dernier pape

Avril 2011. Le conclave était incapable de se décider sur le nom du nouveau pape. Depuis quelques temps, des rumeurs n'arrêtaient pas de circuler. On dit que les discordes portaient sur l'attitude à adopter face aux évènements récents qui chamboulent notre monde. On dit aussi que la raison de cette indécision est le contenu du testament du dernier pape...

Un jour un grand journal italien publia ce qui est censé être ce testament. Le Vatican n'a pas manqué de démentir dans les 24h qui ont suivi la publication. En voilà une traduction, à vous de faire votre propre opinion.

(Toute ressemblance avec des personnages ou des faits réels est un pur fruit du hasard)

Vénérés frères,

Très chers et fidèles collaborateurs !

Que la Providence fasse que ces lignes ne tombent pas dans des mains malencontreuses, que ceux qui les lisent les utilisent à bon escient, qu'ils soient conscients du poids de la charge qui leur incombe.

J'ai entrepris d'écrire ce testament pour me libérer la conscience et pour préparer l'humanité après moi à ce qui va suivre. Car ce qui va suivre est terrible. Ce que je vous annonce n'est plus un secret pour certains d'entre vous. Je vous prie de recevoir cette vérité dans vos coeurs comme jadis vous avez reçu notre seigneur : avec humilité et avec dignité.

Dans notre sainte Eglise nous sommes nombreux à savoir depuis longtemps que Dieu est mort. Nous avons pris soin de garder l'information dans le plus grand secret. Il vous appartient, chers frères, de protéger ce secret aussi longtemps que vous pouvez.

Mais cette terrible nouvelle ne doit pas nous détourner du but suprême pour lequel nous avons oeuvré depuis des siècles. La finalité de notre existence est de bâtir l'homme supérieur, celui qui se détache du règne animal et du monde des choses inanimées pour s'élever par-dessus tout. L'homme supérieur règnera sur le monde, mais il doit être éduqué pour pouvoir le faire. Non seulement il faut lui tracer le chemin à suivre, mais il faut aussi le guider sur ce chemin, le corriger dans ses égarements et accompagner ses faits et gestes et toutes ses réflexions de la naissance jusqu'à la mort. Notre église n'a jamais failli à ce rôle de guide pour bon nombre d'êtres humains et ce depuis plus de vingt siècles. Elle doit le rester, car elle seule connaît la vraie nature de l'Homme. Elle seule sait de quoi est capable cet être faible et corruptible.

C'est à notre Eglise qu'incombe désormais la lourde tâche de faire vivre dieu dans le coeur des hommes. Dans chacun de nous dieu ne doit pas mourir. Dieu doit continuer à vivre en nous, notre existence en dépendra. Il nous faut intérioriser chaque injonction et appliquer chaque ordre moral. Il faut poursuivre sur la voie de la vertu et de la pureté spirituelle pour libérer notre existence du poids des désirs charnels et des joies terrestres. Sans cela, aucun salut possible pour nous autres miséreux êtres humains.

Je vous exhorte, mes chers frères, à défendre jusqu'au dernier soupir notre sainte église et les valeurs qu'elle a défendus et continue de défendre. Je vous exhorte à défendre les valeurs de la famille, la justice et l'amour du prochain. Je vous exhorte à préserver la cohésion de nos sociétés en promouvant la chasteté, l'abstinence et la fidélité au sein des couples. Les déviances et les perversions telles que l'homosexualité, la fornication et l'adultère doivent être bannies de notre monde. L'athéisme doit être combattu avec la même vigueur et la même détermination qu'avant.

Enfin, je vous conseille, mes frères de foi et mes compagnons sur la voie du salut de l'homme, de cacher cette vérité. Ne dites pas aux gens que dieu est mort. Car même si Dieu est mort, notre Eglise elle est éternelle !

mardi 22 avril 2008

Télé-merde

Depuis que j'ai quitté l'Eglise Cathodique, je regarde de moins en moins la boîte magique qu'on appelle télé. Il y a quelques jours, pour prendre ma dose mensuelle de matraquage télévisuel, j'ai osé allumer ma télé. Je n'ai pas été du tout déçu. Je suis tombé sur une pure merveille, une merde à l'état brut.

Pour quelqu'un qui a une très basse estime de ce média, ça n'a été que du bonheur : j'ai su, une fois de plus, que j'avais raison, que je n'ai fait d'injustice à personne. Bien sûr il y a encore quelques documentaires sur arte qui m'intéressent vraiment. Mais je ne change pas le programme de ma soirée pour me conformer aux horaires de ces émissions. Il y a aussi les guignols, de temps en temps (une fois par mois ça suffit, sinon ça devient moins drôle).

Ce que j'ai vu donc quand j'ai allumé ma télé était une émission consacrée aux a-sexuels. Des gens qui vivent sans sexe, par conviction personnelle ou pour des raisons purement biologiques qui les empêchent de ressentir du plaisir pendant les rapports sexuels. Jusque là rien de très étonnant. Le sujet a été publié dans des revues scientifiques, et sans être un spécialiste du domaine j'ose imaginer que de tels cas ont toujours existé dans l'histoire de l'humanité. C'est simplement qu'ils sont hyper minoritaires ou qu'ils ne s'expriment pas à cause de contraintes sociales, religieuses ou autres.

Ce qui est scandaleux dans l'approche de France 2 (service public, pour rappel) de ce sujet, c'est la mise en scène de ces cas : inviter des gens sur le plateau pour "témoigner", aller chez eux pour filmer leur quotidien, inviter des "spécialistes" pour nous donner un avis d'expert... tout ça peut vous paraître normal et acceptable, mais croyez-moi il suffit de vivre des mois sans télé pour se rendre compte à quel point c'est ridicule. Et puis ce voyeurisme à peine voilé, enrobé dans une pudeur hypocrite et défendu par un Delarue au sérieux franchement comique... ça ne vous interpelle pas ? Ca ne vous révolte pas ? Toute cette merde étalée là, à bout de nez, toute cette médiocrité, ces âneries, ça ne vous dégoûte pas ?

Je ne suis pas en train de parler de la Star'Ac. Encore moins de "On a échangé nos mamans" et autres armes de destruction intellectuelle massive. Je ne parle pas d'une chaîne privée à la recherche du sensationnel pour faire monter l'audimat. Je vous parle de France 2, service public. Je vous parle d'une émission soit-disant sérieuse. Je vous parle de gens qui "analysent", "débattent", "racontent des expériences intéressantes"... Je mets tout ça entre guillemets parce que ce n'est que l'apparence de la chose. Le fond n'est qu'une coquille vide.

Le génie de l'industrie du spectacle a trouvé l'astuce pour faire accrocher le spectateur lambda : parler d'une hypothétique quatrième orientation sexuelle : après les hétéros, les homos, les bis, voilà les a-sexuels qui sont sortis du chapeau ! Et hop ! Faut dire que les homos et les bis, c'est moins bandant de nos jours. Ca s'est banalisé comme sujet. Il faut surprendre, il faut choquer, il faut impressionner. Et pour couronner le tout, une légitimation par la science : ça ne peut qu'être vrai, puisqu'un article sérieux de recherche scientifique en parle.

J'ai pensé ce matin à cette expérience horrible de dix minutes passées devant la télé quand j'ai lu par hasard sur le web que la mort de Pascal Sevran a été annoncé par erreur sur le plateau de Ruquier hier. Encore une gourde due à la pression du direct, à la course vers le scoop, même s'il s'agit de la mort d'un collègue. Je ne dis pas que Ruquier a mal fait son boulot, mais c'est tout un système qui est à incriminer. Quand l'immédiateté devient un critère de performance, on ne réfléchit plus, on n'analyse plus, on livre à chaud les "nouvelles" et recueille les "réactions" tout de suite. Tant pis si c'est pas vérifié, on vérifiera plus tard. L'essentiel c'est que ça fasse sensation. C'est du spectacle, donc c'est bien, c'est "intéressant", c'est vendeur... Pour moi c'est juste stupide et, encore plus dangereux, complètement abrutissant.

J'attendrai avec impatience le jour où la télé sera déclarée arme de destruction intellectuelle massive et sera combattue comme un ennemi de l'humanité. Jusqu'à ce jour, je me contenterai de lire des livres.

lundi 21 avril 2008

Saloperie de clopes ! (suite)

Suite des épisodes 1, 2 et 3. Ensuite je passe la balle à Eddou3aji.



*****


Elle se fraya un chemin dans la pénombre de la pièce en essayant de faire le moins de bruit possible. Les clés lui tombèrent des mains lorsqu'elle essayait de les placer à tâtons sur la table de nuit.

« Quoi ? ». Son mari se réveilla. Sa voix était alourdie par le sommeil. Elle ne pouvait pas voir s'il avait les yeux ouverts ou pas.

« Rien, j'ai juste fait tomber les clés ». Elle était trop nerveuse. Sa voix grasseyait. Cet amas immobile en face d'elle avait quelque chose d'inhumain. Pour la première fois elle se demandait à quel point elle serait capable de le détester.

- Quelles clés ?

- Celles de la voiture.

- La voiture, à cette heure ?

Toujours immobile, toujours avec sa voix ténébreuse et monotone, il ne lui inspirait que mépris et dégoût. Elle s'éclaircit la voix puis résuma ce qui lui venait d'arriver :

- Je suis allée m'acheter des clopes. La voiture n'a pas redémarré. Un policier en patrouille m'a repêchée et m'a ramenée ici.

Après un moment de silence, la voix lui lança sur un ton neutre :

- ça t'apprendra.

Et il se tourna de l'autre côté dans le lit. Il était clair qu'il ne voulait pas en savoir davantage. Son sommeil était plus cher que tout.

La rage l'a prise de la tête aux pieds. Voilà que son mari ne daigne pas lui parler deux minutes pour savoir où elle était et qu'est ce qui lui est arrivé. Elle se sentit humiliée, abandonnée, rabaissée. Elle avait envie de le tuer sur-le-champ, l'étouffer et en finir une fois pour toutes.

Elle alla dans la salle de bain. D'une main tremblante elle alluma une cigarette. Elle se regarda dans le miroir et éclata en sanglots. « Le salop ! Le connard ! Il me prend pour de la merde ce fils de pute ! ». Elle se dit qu'elle avait raison d'avoir pris sa revanche avec ce jeune policier. Un vieux fantasme s'était enfin réalisé. Son image dans le miroir était brouillée par les larmes. Elle y voyait son visage d'il y a dix ans, lorsqu'elle était encore adolescente. Elle pansa à son cousin dont elle était éperdument amoureuse. Il était devenu policier lorsqu'elle était encore au lycée et pendant plusieurs années, chaque fois qu'elle le voyait en uniforme elle était incapable de dormir la nuit.

Ce soir le jeune policier lui rappela son cousin. Son air jovial, presque innocent, son visage doux, la manière dont il s'est excusé ... tout ça avait un air de déjà-vu. Tout ça n'était qu'un strict retour des choses : son cousin tant désiré (marié depuis et parti vivre dans une autre ville) s'est réincarné. Il aurait été stupide de laisser filer cette chance.


Après tout, que vaut cette tromperie face aux aventures multiples de son mari ? Que vaut ce « geste de remerciement » devant des années d'humiliations ? Garder son honneur pour un mari qui la trompe avec la première qui passe et qui se contre-fout de savoir si elle a failli se faire violer au milieu de la nuit ? Pure foutaise ! ça fait longtemps qu'elle y pense, et ce soir-là l'occasion s'est présentée. Ce n'était ni prémédité, ni programmé, mais au moment où elle était dans la voiture l'idée de coucher avec lui parassait comme la plus éclatantes des évidences.

Le chien entra dans la salle de bain. Il la regarda un moment. Elle se demanda s'il se doutait un peu de ce qui s'est passé dans la cabane. Elle se dit que cette petite bête a entendu ses paroles lorsqu'elle demanda au jeune policier : "vas-y prends moi ! Ici, tout de suite". Pourquoi elle l'a fait ? Comment elle a osé ?

En vérité, elle avait besoin de se convaincre qu'elle pouvait aussi tromper. Elle avait besoin de démontrer à elle-même que c'est par conviction morale qu'elle s'est abstenue de le faire. Et jusqu'au moment où elle a posé la main sur le genou du jeune policier, elle ne savait pas si elle était capable d'aller jusqu'au bout.

Le temps passa, elle fuma encore des cigarettes, regarda ses orteils, puis suivit longtemps le vol d'un insecte autour de la lampe par dessus l'évier. Sa rage s'est tarie peu à peu. Elle était prête pour recommencer de nouveau un autre tour de vengeance. Elle griffonna sur un bout de papier « N'oublie pas de téléphoner au commissariat pour remercier personnellement l'agent M. (...). Je m'occupe de ramener la voiture dans la journée. ». De retour dans la chambre à coucher, elle glissa le papier dans la poche de la chemise de son mari. Elle se glissa dans le lit et ferma les yeux.



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Maintenant la balle est dans le camp de Eddou3aji, s'il veut bien participer

samedi 12 avril 2008

حول التجديد الديني - جزء 2 من 2

في الجزء السابق من المقال حاولت أن أبين أن غياب سلطة مركزية من قبيل الفاتيكان في الإسلام يجعل من التجديد الديني مهمة صعبة . فلو خرج أحدهم بفتوى تبيح تقبيل الخطيب لخطيبته مثلا (وهي الفتوى التي أثار بها جمال البنا ضجة في الفترة الفارطة) سيخرج أيضا عشرات المعممين يبطلون فتواه ويدعونه إلى التوبة هذا إن لم يكفروه . فمن الواضح أن سلطة التكلم باسم الدين إن لم تعط رسميا إلى جهة واحدة مسؤولة عنها سيكون من السهل على الجميع ادعاء تملكها .

من الممكن أن نتحمس لفكرة التجديد من داخل الإسلام . ومن الممكن أن نجد هنا وهناك مدارس فكرية اسلامية تبشر بمزيد من الإنفتاح على العصر وعلى التحديات التي تواجه المسلمين في القرن الحادي والعشرين وتقطع مع فتاوى رضاع الكبير وبول النوق . لكن لنسأل أنفسنا صراحة : هل لهذا الإسلام "التقدمي" حظ في المجتمعات الإسلامية المعاصرة ؟ هل أن تفسيرا "حداثيا" لآية أو لحديث يمكنه أن يحل محل قرون من الجمود وآلاف الصفحات التي تقف عد حرفية النص ؟

أتسائل أحيانا لماذا يجد المسلمون صعوبة بالغة في إحتواء التطرف من جهة وفي مواجة النقد الموجه إلى دينهم من جهة أخرى . ألا نجد في القرآن آية "لا إكراه في الدين" مثلا ، وهي كافية للدلالة على سماحة الإسلام ؟ الجواب هو أن أي شيخ في جبال أفغانستان يستطيع أن يؤول تلك الآية على هواه ثم يخرج بدلها "اقتلوهم حيثما ثقفتموهم (أي حيثما وجدتموهم)" ، وهي كافية لتجييش الشباب المجاهد لا فقط ضد "الشيطان الأكبر" وأعوانه بل أيضا ضد أبناء البلد وضد الدولة باعتبارها أحد مظاهر الكفر .

التجديد من داخل المؤسسة الإسلامية السنية صعب جدا وذلك لعدم وجود تلك المؤسسة أصلا . وذلك لا يعني كما فهم البعض المناداة بتسمية بابا يلم شمل المسلمين السنة فالأمر يتعدى مجرد وجود المؤسسة ـ الرمز إلى شرعيتها التاريخية الوحيدة القادرة على إعطائها حق التكلم باسم الدين . وسيقول بعضهم أن الخليفة كان يقوم بهذا الدور وما علينا إلا إحياء الخلافة . والجواب هنا سهل جدا فمركز الخليفة سياسي بالأساس ولا علاقة له بالسلطة الدينية التي نعنيها في هذا السياق . الخليفة امبراطور وليس بابا ومنصب الحبر الأعظم لم ولن يوجد مثيل له إطلاقا في الإسلام السني .

ننسى أحيانا أن التجديد الديني الذي نتكلم عنه هنا ليس وليد اليوم . فلقد حاول عديد المفكرين الإسلاميين منذ منتصف القرن الـ 19 إعطاء نفس جديد للفكر الديني : محمد رشيد رضا ، الطهطاوي ، الكواكبي ، الأفغاني وغيرهم كثير... كان محمد عبده يقول بتقديم العقل على النقل وكتب محمد إقبال "تجديد الفكر الديني في الإسلام" في ثلاثينات القرن العشرين... لكننا اليوم لا نذكر أحدا من بين هؤلاء في حين لا تزال أفكار سيد قطب وحسن البنا وأبو الأعلى المودودي تسوّق على أنها تجديدية (ومن ذلك قول بعضهم إن الوهابية هي نظير للثورة اللوثرية في المسيحية !!).

لقد فشل المجددون الحقيقيون الذين حاولوا التغيير من داخل الإسلام السني وصعدت في مقابل ذلك أسهم مفكرين مسيسين يميلون للسلفية وللجهادية ولأطروحات التطرف والعنف . واليوم لم يبق لنا من الإجتهاد إلا الفتاوى الإلكترونية الوهابية وأفكار ابن تيمية وابن القيم مقدمة في ثوب "حداثي" . كان المجددون الأوائل مثقفين تقليديين تخرجوا من المنظومة الدينية السائدة وقتها ولم يمنعهم ذلك من الإنخراط في الحداثة والدعوة إليها فلماذا فشلوا جميعا ؟ الإجابة قطعا صعبة ومركبة ومرتبطة بتاريخ المنطقة المعقد ولا سيما الإستعمار ثم الأنظمة الدكتاتورية التي لحقته .

شخصيا لا أعتقد أن التجديد الديني ممكن اليوم ، وأتمنى فعلا أن يدلني أحدهم على دلائل إمكانية ذلك من داخل المنظومة التقليدية . ولا أعتقد أن إقحام الدولة سيأتي بالجديد في هذا المجال وذلك بسبب العوامل التي أوردتها في الجزء السابق من المقال بالنسبة للحالة التونسية . ثم هل يدخل ذلك في صلاحيات ومهمات الدولة المدنية الحديثة ؟ مدنية الدولة هي حسب رأيي الشرط الأول لتحقيق ما أسماه الرواد بالنهضة وما نسميه نحن بالتنمية . ليس من حق الدولة التدخل في الفقه كما ليس من صلاحيات الفقه التدخل في أمور الدولة إذ يختص الفقه بالروحانيات والعبادات وتختص الدولة بالمعاملات . وما الدعوة إلا العلمانية إلا محاولة لحماية الدولة من محاولات جرجرتها إلى مجالات ليست من اختصاصها (كلنا يعلم الكوارث التي تحل كلما تحدث مسؤول سياسي عن مسألة دينية ، أذكر مثلا تصريحات الأخزوري حول الحجاب) .

ولننظر إلى تطور الإسلام بصفة عامة : هل حقا يحتاج المسلمون إلى مجددين من داخل الإسلام اليوم ؟ هل حاجتهم إلى مارتن لوثر أشد من حاجتهم إلى فولتير أو روسو إسلامي ؟ بعبارات أخرى هل من المحتم المرور بثورة إصلاح ديني حتى يكون عصر الأنوار ممكنا ؟ أليس القائلون بذلك هم أول من يدعو إلى الإستنساخ الحرفي للتجربة الغربية ؟

إنها مجرد أسئلة للدفع بالحوار ليست لي أية أجوبة قطعية عنها .

ماني الإفريقي

lundi 7 avril 2008

حول التجديد الديني - جزء 1 من 2


يصر البعض على اعتبار النقاش حول العلمانية مفتعلا ومسقطا على واقع بعيد كل البعد عن مسائل نظرية من قبيل علاقة الدين بالدولة . ويؤكد هؤلاء في تعليقاتهم وتفسيراتهم على استثنائية الحالة الإسلامية وعلى تفرد التاريخ الإسلامي من جهة وعلى التصاق التجربة العلمانية الحديثة بالغرب عموما وبتاريخ سلطة الكنيسة خصوصا . وهذه الملاحظات وإن كانت صحيحة إلى حد ما فإنها لا تبرر أبدا النصف الثاني من خطاب بعض الأشخاص المتسم بالتشنج حاملا أحيانا عبارات تخوينية وتساؤلات انكارية تقدح في ذمم حاملي لواء العلمانية وتتهمهم بمعاداة الإسلام وبخدمة مشروع صهيوني غربي امبريالي يهدف إلى القضاء على الإسلام دينا وحضارة وتاريخا .

ردود الأفعال هذه مردها عقدة النقص التي نعاني منها في مقابل الآخر الغربي . فالعقل العربي لا يستطيع أن يتقبل هزائمه الحضارية في أثناء الإستعمار الغربي أولا ثم في مواجهته مع اسرائيل ثانيا وانتهاء بضياعه في معترك العولمة . لقد طورنا خلال المائة والخمسين سنة الماضية آليات رد فعل تعمل أوتوماتكيا لدى الحديث عن بعض الموضوعات الحساسة . فبمجرد الحديث عن الديمقراطية ، العلمانية ، الليبرالية... فإن الأمر يتحول إلى مؤامرة وعمالة وأجندات مرتبطة بمصالح غربية . العقل العربي اليوم عاجز عن الدخول في مناظرات جدية وعلى مقارعة الحجة بالحجة وهو يرفض التغيير ويرفض النقد بحجة الهوية والخصوصية والأصالة . وباسم هذه القيم المقدسة (الهوية ، التراث ، الخصوصية الحضارية ، المبادئ...) يصبح الخوض في مواضيع معينة من باب استعداء الشعب والتحامل على الإسلام . و كما قيل في أحد الحوارات المسألة ليست العلماني / اللاديني / الملحد / العميل في مقابل المتدين / الإسلامي / الإرهابي / المتطرف . المسألة أبعد ما تكون عن هذه التبسيطات وفي نهاية المطاف كلنا مواطنون وليس ضروريا أن نتفق على كل المسائل حتى نستطيع العيش معا . وأنبه هنا إلى محاولات الإقصاء المتكررة في المجال التدويني والتي تهدف إلى تهميش بعض الأصوات بادعاء أنها "ضد الشعب" أو ضد هويته وتاريخه واختياراته ، والتي ذهب بعضها إلى الدعوة الضمنية لهؤلاء للرحيل وترك البلاد للأنقياء والمتقين والوطنيين "الحقيقيين".

بعض الملاحظات أردت أن أثيرها في سياق الحديث عن الدولة العلمانية (لنقل الدولة المدنية ، فالعلمانية تذكر البعض بالمآكد والمؤامرات الصليبية والصهيونية) ، فقد فهمت أن البعض يصر على ضرورة إبقاء الدين مرتبطا بالدولة وذلك حتى يكون التجديد الديني ممكنا ، والتجديد الديني اليوم ضرورة تفرض نفسها كدرع ضد التطرف وضد التأويلات السلفية .

إ ذا كانت سيطرة الدولة على الخطاب الديني ضرورية ، فكيف يمكننا أن نفسر فشل الدولة التونسية في إحتواء الخطاب الديني وحمايته من الإنزلاق في التطرف والغلو ؟

فإذا نظرنا إلى الوضع في تونس منذ الإستقلال لوجدنا أن الأئمة والخطباء يعينون من قبل أجهزة الدولة ويخضعون لرقابتها في حين تم تحييد مؤسسات دينية مستقلة عن السلطة المركزية (الزيتونة مثلا) . وهو شكل من أشكال العلاقة بين الدين والدولة ليس بالعلماني الخالص ولكن دون أن يماهي ضرورة بين الدين والدولة . فماذا جنينا من هذه العلاقة ؟ لم تمنع الرقابة الحصرية للدولة الخطاب الديني من التطرف ، أولا لأن تطور الدين في تونس لا يمكن أن يتم بمعزل عن تطوره في بقية أرجاء العالم الإسلامي إذ سيكون حتما متأثرا بالتيارات السائدة ، وثانيا لأن الوضع الخاص في تونس الذي تتماهى فيه الدولة مع الحزب يجعل من السهل بل المحتم توظيف الخطاب الديني الخاضع للدولة لأغراض دعائية سياسية خالصة .

كان يمكن للتجربة التونسية في مسألة العلاقة بين الدين والدولة أن تنجح لولا هاذين العاملين الذين حكما عليها بالفشل . وفي وقتنا الحاضر تبقى الدعوات لمزيد إحكام سيطرة الدولة على الدين بهدف تعزيز التجديد والوسطية دعوات غير مجدية طالما ظلت أجهزة الدولة مندمجة بأجهزة الحزب وطالما مازلنا عرضة إلى خطاب ديني خارجي غير رسمي يحمل بذرات التطرف وتحمله إلينا قنوات اتصال من المستحيل على الدولة السيطرة عليها .

حسب رأيي الخاص فالمشكلة الأساسية التي تواجه التجديد في الفكر الإسلامي هي غياب سلطة دينية شرعية تضفي المشروعية على الأفكار الإصلاحية وتعطيها إمكانية التطبيق الفعلي . السلطة التي أتحدث عنها هنا هي أشبه ما يكون بسلطة الكنيسة لدى الكاثوليك ، وهي مؤسسة غائبة تماما في التقاليد الإسلامية السنية .

في البلدان ذات الأغلبية السنية ليس هنالك تمثيل رسمي للإسلام وكل ما يسمى بالعلماء والمشايخ والفقهاء ماهي إلا ألقاب تصف بها فئة من الناس نفسها دون شرعية حقيقية لا نصية ولا مذهبية كما هو الحال لدى الشيعة . لو تسائلنا مثلا من يمكنه أن يجدد من داخل الإسلام وتكون له الشرعية اللازمة لإصدار الأحكام (أو الفتاوى) المتطابقة مع جوهر الإسلام والمنسجمة مع روح العصر لوجدنا أنفسنا أمام مأزق : كل مسلم تقريبا يمكنه أن يفتي في أمور الدنيا والدين وكل مسلم يمكنه أن يدعي فهم حقيقة الرسالة المحمدية . إننا نلمس تلك الأزمة عندما يطل علينا أحدهم بأحد الفتاوى الغريبة مثل رضاع الكبير أو غيرها فلا نجد ردة فعل تشفي الغليل وتعطي إجابة نهائية وقاطعة في المسألة . فمن له سلطة مماثلة للفاتيكان في الدول السنية ؟ هيئة كبار العلماء في السعودية ؟ أم الأزهر ؟ أم المفتيين الرسميين لكل دولة ؟ أم أئمة المساجد ؟ أم الدعاة ؟ أم نجوم الفضائيات الإفتائية ؟؟

الحقيقة أن سلطة التشريع الديني يتقاسمها كل هؤلاء ، وكلما اشتد تخاصمهم حول مسألة ما ازدادت الرغبة في الرجوع إلى النص بوصفه الحامل الوحيد للشرعية ، ثم إلى السنة بوصفها تقريبا التطبيق الإنساني الوحيد المعصوم من الخطأ . إذن فالمحاولات التوفيقية تصب في أغلب الأحيان إلى أكثر التأويلات كارثية : التأويل الحرفي للنص والنظرة السلفية لما يجب أن تكون عليه حياة المؤمن اليوم .

عندما رحل بابا الكاثوليك يوحنا بولس الثاني صرح "مالك شبل" وهو أحد الكتاب الفرنسيين المسلمين أنه من المؤسف ألا يكون للمسلمين بابا . أعترف أني لم أفهم ذلك التصريح في حينه لكنني وبعد ذلك بمدة بدأت أفهم ، وسأحاول أن أفسر ذلك بمثال :

ناصبت الكنيسة الكاثوليكية العداء لليهود لقرون عديدة معتبرة إياهم آثمين لتسببهم في إعدام عيسى الناصري . ثم تراجعت الكنيسة عن ذلك في أثناء مجمع "الفاتيكان 2" بين سنتي 1962 و 1965 إذ اعتبر المؤتمرون أن اليهود إخوة للمسيحيين في الإيمان وأنه من الخطأ استعدائهم . تغيرت عقيدة الكاثوليك منذ ذلك اليوم إذ خلافا لما كان في الماضي أصبح سب اليهود أو معاداتهم أو الدعاء عليهم محرما بموجب المرسوم البابوي (الذي ناقشه الكرادلة وختم بختم البابا المعصوم من الخطأ) . من الممكن أن يطل علينا اليوم أحد الكاثوليك المتطرفين بخطاب كراهية ضد اليهود ، لكنه سيكون من السهل أيضا التنصل منه إذ بالإمكان عزله من الكنيسة وفي كل الأحوال فما قاله لا يلزم إلا نفسه والعقيدة الرسمية هي ما يقررها الكرادلة والأساقفة ومن فوقهم جميعا البابا . يفترض هذا النوع من التجديد الديني قدرا أدنى من إرادة التغيير لدى رجال الدين ، وهو الشيء الذي ربما توفر لدى رجال الدين المسيحي أثناء مجمع "الفاتيكان 2" (بعد أهوال الحرب العالمية وبسبب عقدة الذنب الرهيبة إزاء المحرقة اليهودية) لكنه لم يتوفر بالقدر الكافي عندما تعلق الأمر بمسائل تجديدية أخرى (أذكر مثلا رفض يوحنا بولس الثاني إباحة الواقي الذكري وهو ما يتسبب في إنتشار أكبر للأمراض الجنسية) . فاحتكار التكلم باسم الدين حتى وإن بدا لنا تكريسا لسلطة دنيوية باسم الدين من الممكن أن تكون له إيجابيات في بعض الأحيان .

mercredi 2 avril 2008

Les Arabes et la question palestinienne

(post publié initialement en novembre 06 et remanié depuis)


La politique de « tout ou rien » est celle qui a causé la perte des Arabes dans toutes leurs oppositions à Israël.

Rassurez-vous, je ne suis pas en train de remettre en cause ici les droits des palestiniens. J'essaie juste de comprendre et de voir le problème sous des angles différents. Aujourd'hui, Israël a 60 ans... C'est un fait qui ne peut être expliqué par nos modes de pensée habituels et par nos réflexes idéologistes.

En 1947, lorsque la résolution de partage a été adoptée par l'ONU, les Arabes l'ont refusée dans le fond et dans la forme. On voulait « Tout ou Rien », ce qui voulait dire une Palestine arabe, sans la moindre présence juive, ou sinon rien du tout. Au lieu de se contenter de rien du tout, les Arabes ont essuyé un échec cuisant : une défaite militaire et un malheureux sentiment d'humiliation.


Par ce refus du partage, les Arabes ont signé leur sortie de la scène internationale (y étaient-ils déjà ?). Ils sont restés à la marge de l'Histoire depuis et ont confirmé leur position de spectateurs qui a déjà été la leur pendant les deux guerres mondiales. Pire encore, par ce refus ils se sont opposés à une décision onusienne, donc prise au nom de toutes les nations du monde. Les Arabes donc ont regardé (et regardent toujours) cette organisation mondiale comme suspecte. Ils s'imaginent depuis que le monde entier est contre eux, qu'on les déteste, parce qu'ils sont Arabes.

Cette politique du « Tout ou Rien » guide nos modes de pensée et nous conduit droit dans le mur. Ils n'y a pas de demi-mesures pour nous autres qui nous disons Arabes. Parler d'étapes, de négociations, de compromis est blasphématoire et c'est exactement ce qu'on a fait comprendre à Bourguiba lors de son célèbre discours à Jéricho, en 1965.


Un peu d'histoire

Le mouvement sioniste voulait exactement la même chose que les Arabes : la Palestine toute entière. Simplement, quand il s'agissait de prendre des décisions opérationnelles les sionistes pouvaient laisser leurs idéaux de côté pour accepter des demi-solutions. Ainsi ont-ils accepté le partage. Certes ils ont eu 55 % du territoire, mais ils ont eu beaucoup trop d'habitants arabes dans ces territoires. Les juifs ne constituaient qu'une majorité légère.

Vous me diriez : ces sionistes sont partis de rien, ils ont finis par obtenir 55 %. Ils sont quand même contents. Certes. Mais il faut voir que les ambitions étaient beaucoup plus grandes que les 55 % obtenus. Il faut voir que ce qui a été obtenu ne pouvait satisfaire les sionistes de l'époque.


Il faut voir aussi que l'Etat juif ainsi né n'avait pas de continuité territoriale et était constitué à 40 % par le désert du Néguev, inhabitable. Mais ils ont accepté, dans l'espoir d'obtenir plus. Sans chercher trop longtemps les pays arabes limitrophes déclarent la guerre et essaient de jeter les juifs dans la mer. Les armées et les dirigeants arabes conseillent même aux habitants arabes de l'entité sioniste de quitter leurs maisons, en attendant une libération totale de toute la Palestine. Vaincus dans la guerre contre des guérillas certes organisées mais limitées dans leurs moyens (Stern, Irgoun et Haganah), les Arabes perdent non seulement les territoires déjà affectés aux juifs, mais encore plus de territoires. Ceux qui ont quitté leurs maisons ne les retrouveront plus jamais. Les Arabes pensaient écrire l'Histoire dans un sens alors qu'elle s'écoulait dans un autre.

Alors certains parmi vous accuseront le Complot de la situation actuelle. Si les Arabes ont échoué, c'est à cause du Complot. La fameuse Mou'amara est un ingrédient quasi essentiel de toute discussion politique. Tout ce qu'on ne comprend pas, tout ce qui peut nous être reproché est tout de suite mis sur le dos du Complot, sioniste, impérialiste, américain, juif… Mais au-delà des hypothèses et des suppositions il y a les faits, et les faits sont têtus.

Détour par le Complot :

Le fameux complot est un concept qui en devient presque vital à la pensée arabe du XXè siècle. Le pire des négationnismes serait aujourd'hui de nier son existence.

Je ne vais pas commettre un tel blasphème. Le complot a bel et bien eu lieu ! Et comment !

Vers 1915, en pleine guerre, les britanniques avaient besoin de soutien des Arabes de toute la région du Cham (aujourd'hui Syrie, Liban, Palestine et Jordanie) pour vaincre son ennemi turc. Ces régions étant des provinces ottomanes, il était relativement facile de mobiliser les gens contre leur colonisateur. En contrepartie le gouvernement de sa Majesté accordera aux Arabes un grand Etat indépendant pour eux seuls, qui allait s'étendre du Cham pour inclure l'Irak et le Hidjaz. Un grand dignitaire du Hidjaz, le Chérif Hussein se voyait déjà roi du pays à naître. Il combattit alors avec tous les arabes de la région contre les turcs.

D'un autre côté les britanniques avaient besoin d'un financement solide et constant de l'effort de guerre. Les finances du pays étant tenues en grande partie par des juifs, le gouvernement de sa Majesté leur promet « un foyer national juif » en terre de Palestine, en réponse au vœu sioniste de voir créer un Etat pour les juifs. L'idée de l'Etat juif commençait à l'époque à faire son chemin parmi les juifs d'Europe (rappelez-vous, le congrès sioniste a eu lieu en 1896 à Bâle, donc une vingtaine d'années plus tôt). C'est donc la fameuse déclaration de Balfour, du nom du ministre anglais qui l'a formulée (en 1917).

1918, la guerre est finie. La Grande Bretagne s'empresse de diviser la région entre elle et la France, en vertu d'un accord entre les 2 ministres des affaires étrangères des 2 pays passé en … 1915 ! (accord connu sous le nom de Sykes-Picot, du nom des deux ministres). Les anglais ont donc promis tout à tout le monde, et ont partagé le gâteau avec les amis français !

Cette trahison a été mal accueillie des 2 côtés arabe et sioniste. Les affrontements entre les 2 communautés se sont poursuivis ainsi que les attaques contre les anglais perçus comme les colonisateurs du pays. Et oui ! les bandes sionistes de l'époque perpétraient des attentats contre les intérêts britanniques.

Tout ça pour dire, que le Complot, la conspiration, c'était ça. Depuis les Arabes parlent de Complot en se référant à cette série d'évènements pendant laquelle la Grande-Bretagne s'est avérée machiavélique dans sa gestion de la situation.

Mais alors soyons d'accord : le Complot, c'est un évènement du passé. Une chose avérée et ponctuelle dans l'Histoire de la région. Depuis, plusieurs choses se sont passées et les Arabes se sont trouvés d'abord dans un grand jeu qui les dépasse à savoir la Guerre Froide. Puis, dans la nouvelle configuration mondiale d'après la chute du mur de Berlin, les Arabes peinent encore à trouver une place sous le soleil. Mais expliquer tout par le Complot revient à se trouver des prétextes pour notre propre faiblesse.


Je reviens au « tout ou rien » pour faire une remarque :

Le sionisme est un mouvement qui évolue avec le temps. C'est une idéologie dynamique qui a viré d'un mouvement laïque de gauche fortement occidentalisé à une idéologie de droite qui s'inspire plus de la religion et qui est capable d'absorber des juifs orientaux. Alors on peut crier si on veut que le sionisme est par essence un racisme, mais admettons une chose : le sionisme a vaincu le panarabisme, la preuve c'est que l'Etat d'Israël existe toujours à nos jours.

Je veux clarifier une chose pour ceux parmi vous qui désapprouveraient ce qui est écrit quelques lignes plus haut : ce n'est pas parce que le sionisme est plus "juste" que le panarabisme qu'il l'a vaincu. Ce n'est pas parce qu'il défend une cause plus noble, ou que ceux qui le portent sont plus "purs" aux yeux de Dieu. Le sionisme a triomphé car il s'est doté des moyens de sa victoire : financement, stratégies militaires, industrie, technologies, vie politique...

Croire que ceux qui défendent une cause "juste" gagnent à la fin revient à un infantilisme politique dont certains des dirigeants arabes sont encore capables à nos jours. Nous nous trouvons parfois incapables d'accpeter qu'une solution injuste s'impose et devient une réalité. Mais nous oublions au même temps le nombre de causes justes qui ont été perdues au cours de l'Histoire, le nombre de peuples disparus, le nombre de guerres injustes, de morts pour rien, le nombre de peuples sans patrie, de cultures écrasées sans raison, sauf celle du plus fort...

La question n'est pas de savoir si la cause est "juste" ou pas, et permettez-moi de me répéter : je ne suis pas en train de faire l'apologie du sionisme. Je relate juste des faits et j'essaie de comprendre pourquoi est-ce qu'on en est là.

A l'opposé du dynamisme du sionisme, le statique, l'arbitraire et l'émotionnel guident la stratégie arabe. Pour se rendre compte à quel point l'on est rigide, regardez le nombre de premiers ministres israéliens qui ont négocié avec Arafat : Shamir, Rabin, Peres, Natanyahou, Barak, Sharon. De l'autre côté un seul interlocuteur : Arafat. Chaque 2 ou 3 ans la classe politique israélienne nous offre de nouveaux visages, de nouveaux noms, de nouvelles idées. Du côté arabe on rumine encore les discours d'il y a 50 ans. On ne veut (peut ?) pas évoluer, on ne veut (peut ?) pas s'adapter. Quand notre politique et nos attitudes ne payent pas, on se radicalise encore plus (les mouvements islamistes) tandis que nos dirigeants sont pris dans un jeu hypocrites où ils cherchent à satisfaire la rage du peuple face à l'injustice et les exigences des puissances mondiales.


Raisons possibles d'une défaite annoncée

La Palestine en tant que pays indépendant n'existait pas avant 1947. On était à la fin de l'ère coloniale et la Palestine était une province turque avant de passer sous mandat britannique. Les israéliens ont donc raison quand ils disent que le peuple palestinien n'existait pas. Sauf qu'ils omettent un détail : Le peuple palestinien n'existait pas en tant que peuple, mais les gens existaient bel et bien. Il n'y avait pas une conscience nationale qui lie les membres de la société entre eux, il n'y avait que des allégeances tribales, des dignitaires, des chef de tribus, des commerçants, des villes…mais guère une société ni un peuple. Ceci ressemble beaucoup au cas de tous les pays qui ont été colonisés, ces pays n'ont connu la forme moderne de l'Etat que comme un effet secondaire "bénéfique" de la colonisation (y avait-il une conscience nationale tunisienne au début de l'époque husseinite par exemple ?)

Les choses changent pour les palestiniens dès les années 60. A ce moment-là ils se forgent une identité propre et se trouvent un représentant national : l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP). Le peuple palestinien a enfin un visage. De l'autre côté, le concept de « peuple juif » même confus et plus mythique que réel (qu'est ce qui lierait un juif yéménite à un juif new-yorkais ?), ce concept-là était plus clair au moins dans la tête des sionistes. Alors que les Arabes essayaient de restaurer l'Etat promis par les anglais (qui n'a jamais vu le jour), les juifs convaincus par le sionisme modernisaient leur langue et jetaient les bases d'une société moderne, certes aux origines les plus disparates mais au moins avec une identité propre.

Une des raisons du problème est donc la suivante : l'idée d'Etat-Nation n'a jamais été digérée par les Arabes, alors qu'elle était inhérente à la préparation et la fondation de l'Etat hébreu. La preuve en est, la Palestine en tant qu'Etat-nation n'existe toujours pas et certains arabes appellent toujours de leur voeux un Etat-nation qui réunirait les différents peuples arabes. Pour ainsi dire, la notion d'Etat-nation n'est pas encore arrivée à maturité chez les Arabes.

Je pense aussi que les Arabes n'ont pas compris que le temps joue contre eux. Plus le temps passe plus la légitimité d'Israël est admise par tous. Plus le temps passe, plus les réfugiés souffrent et pour les mieux lotis parmi eux, plus ils s'intègrent dans leur pays et oublient leur mère-patrie. Le temps a permis aux sionistes de bâtir un Etat moderne doté d'une force militaire impressionnante. Il leur a permis de peser dans la diplomatie internationale. Pendant ce temps, les Arabes rivalisent dans la médiocrité avec un positionnement sur les classements mondiaux plus qu'honteux (taux d'alphabétisation, niveau de vie, dynamisme culturel, développement économique et social…). Le temps c'est tout ce qu'il fallait à Israël, mais il ne s'écoule pas de la même manière pour les Arabes.


Mots de la fin

Pourquoi parler de ce conflit douloureux et sensible ? D'abord parce qu'il est inadmissible qu'une telle situation se prolonge encore et encore. Certes il y a eu une énorme injustice envers les palestiniens, mais la réparer requiert qu'on prenne compte du contexte dans lequel on vit et puis de l'histoire depuis le début jusqu'à aujourd'hui. Le fait que la cause soit "juste" ne garantit en rien la solution finale du conflit.

J'en parle, parce que ce conflit paralyse les Arabes qu'on aurait l'impression d'entendre dire : réglez le problème du Moyen-Orient après on pensera à se développer, à se démocratiser…

J'en parle, enfin, parce que la situation mondiale est aujourd'hui plombée par ce problème. Et si on le réglait, y aurait-il moins d'attentats terroristes de par le monde ?

Finalement, je crois que l'idéologie est le problème et non pas la solution. Pourquoi il y a des colonies en Cisjordanie ? Parce qu'il y a des gens qui croient que leur devoir est d'habiter là-bas. Pourquoi il y a des gens qui se font exploser et tuent des enfants innocents ? Parce qu'on leur a appris que c'est leur devoir de le faire. Pourquoi il y a des bulldozers qui détruisent des vies, des terres, des maisons dans les territoires occupés ? Parce que l'idéologie veut que la terre appartienne à un camp et pas à un autre.

Parce que l'idéologie est aveugle, elle est incapable de voir l'homme. Parce que l'idéologie est un instrument de mobilisation des masses, elle est incapable de traiter ces masses comme des êtres humains, mais uniquement comme un outil. Parce que l'idéologie est partiale, elle ne raconte que la moitié de la vérité.

Sortons des idéologies. Sortons du « tout ou rien ».