vendredi 23 avril 2010

Je les comprends...

Je les comprends...

Ceux qui appellent au statu quo, à la stagnation, à l'immobilisme, je les comprends.

Ceux-là qui veulent nous convaincre que la démocratie n'est pas encore pour nous, qu'il nous faut encore attendre.

Ceux-là qui veulent nous convaincre qu'après tout, tout compte fait, peut-être, mais alors simple hypothèse... peut-être, que la démocratie ne serait pas une bonne chose pour nous.

Alors oui, moi, entre la démocratie et l'anarchisme (et non l'anarchie), mon choix est vite fait. La démocratie n'est peut-être pas une bonne chose, mais par rapport à quoi ?

Alors oui, je les comprends. Je comprends qu'il y ait des gens qui ont l'habitude de recevoir les ordres.

Je comprends qu'il y ait des gens, qui, sans directives claires venant d'en haut, seraient incapables de commander un café.

Je comprends qu'il y ait des gens qui sont habitués à marcher derrière les autres. Jamais devant.

Mais même si je les comprends, je ne me sens pas comme eux.

mercredi 21 avril 2010

فراغ

نظر إلى قاع الكأس فانقبضت نفسه لرؤية ذبابة تصارع بقايا السائل المتجمد. المقهى فارغ إلا من صوت المذياع المهترئ وبعض الرجال الذين يأتون على عجل، يشربون قهوة وقوفا ثم ينصرفون. ضاع مذاق الشاي في فمه تاركا شيئا كالمرارة أو هو المرارة عينها وأدرك أن الجوع سيداهمه بشراسة إن هو لم يجد شيئا يأكله. ليلة البارحة ظل يتجول بين صفحات الفايسبوك دون هدف محدد حتى فاجئه آذان الفجر وهو لا يزال أمام شاشة الحاسوب. توضأ وخرج إلى المسجد، ثم قضى صباحه في "قهوة الحاج" ولم يزل هناك حتى اللحظة. عقارب الساعة تتقدم دون عجلة نحو الساعة الواحدة بعد الظهر وهو لم ينم منذ أكثر من أربع وعشرين ساعة. كيف عساه يجيب هذا الجسد المرهق من اللاشيء؟ ولعل شيئا ما سيحصل إن هو أضرب عن النوم والطعام لأيام. غير أن أفكاره لا تكاد تتركز على شيء ما حتى تتشتت من جديد. فلعل الذي سيحصل هو النسيان، أو الموت بعينه. وفي الأفق لا يلوح شيء غير الرتابة المعهودة. سيرتكن إلى الكسل والخمول إن هو لم يجد عملا آخر ؛ هكذا قالت أمه. ولو أن الحياة أذعنت لإرادته لكان له اليوم زوجة ومنزل. خامرته فكرة الرجوع إلى البيت الذي يتقاسمه مع زميلين منذ زمن الدراسة، لكنه عدل عن ذلك إذ تذكر أواني المطبخ التي لم تنظف منذ أسابيع. وفي مدخل ذلك البيت رائحة عطنة، أو لعله فأر ميت، ولا عجب. فهو بيت لم تدخله امرأة منذ سنوات. تذكر بسخرية كيف قبل على مضض السكنى مع اسكندر وزياد. وهاهو اليوم كزميليه لا يعرف استعمال المكنسة. أما الطبخ فأكل الشارع لا بأس به. تردد بين شاورما أو لبلابي، ثم أجل القرار إلى ما بعد الخروج من المقهى. اتجه نحو الشارع وشعر بالدماء تسري من جديد في ساقيه. صدق حدسه فما شعر بالدوار إلا لشدة جوعه. وتصور ثانية قطع الخبز المنتفخة بالمرق الأصفر ورائحة الحمص فقرر الإتجاه إلى حانوت حمة حيث يباع ألذ لبلابي في الضاحية الشمالية كلها. سيترك السيجارة الباقية إلى ما بعد الأكل. ربت أحد ما على كتفه، فالتفت إليه وسمعه يقول :

ـ خويا، ماخلصتنيش في كاس التاي راك.

lundi 19 avril 2010

Une langue si étrange

Il se rendit compte que la langue qu’il écoutait ne lui était pas connue. Ce n’était pas une langue qu’il entendait au village, ni une langue qu’il aurait apprise à l’école. Le jeune homme continua de parler, comme s'il devinait ses pensées :

- oui, ma langue est étrange. Tu ne l’entendras que de ma bouche car je suis le seul à pouvoir la parler. C’est cette ville qui me l’a appris. J’y ai habité pendant des siècles, mon âme y rôde pour l’éternité. J’ai entendu sur cette terre tous les idiomes et tous les dialectes. Des phéniciens qui sont arrivés voilà des milliers d’années, puis des latins, des wisigoths, des juifs, des germaniques, des gaulois, des maures, des turcs, des vénitiens, des berbères, des peuples noirs, des helléniques, des gitans, des slaves, des commerçants chinois et des voyageurs nordiques, des ambassadeurs russes et des militaires arabes, des philosophes, des religieux, des païens et des athées, des scientifiques, des artistes, des chanteurs et des danseurs de flamenco. J’ai appris d’eux tous et j’apprends encore aujourd'hui, et j’apprendrai jusqu’à la fin des Temps. Je parle chacune de leur langue et je maîtrise toutes les subtilités de chacun de leurs dialectes. Mais je ne me contente pas de ça. Je mélange les langues et je commence une phrase en castillan pour la finir en arabe ou en hébreu. Je fais un poème en gaulois avec les rimes d’un vieux dialecte gitan. Je chante en grec, mais les sonorités sont celles du turc, et la grammaire, elle, anglaise. Je dis des mots en berbère dont les berbères d’aujourd'hui ne se souviennent plus. Le chinois n’a pas de secret pour moi, ainsi que la syntaxe du wolof ou de l’araméen. Je parle toutes les langues et j’utilise des mots en napolitain pour construire une phrase en yiddish. Je parle l’allemand avec des figures de style que seul un albanais serait capable de comprendre. Le mystère, cher ami, c’est comment toi tu arrives à me comprendre.

samedi 17 avril 2010

L'extinction des mâles

Deux générations, pas plus.
Nous sommes les derniers mâles de la race humaine. En tous cas, les derniers qui vivent encore en tant qu'hommes libres, dominateurs et conquérants. On verra dans quelques années, que dis-je ? quelques mois, quelques semaines, l'apparition du nouvel homme. Soumis, castré, aliéné, il sera occupé à jouer avec sa console vidéo tandis qu'au même moment la femme règne sur la terre en maîtresse absolue.
Plus besoin d'hommes pour faire des gamins. On les fabriquera à la chaîne. Plus besoin d'hommes pour jouir, il y aura les sex toys. On est inutile, je vous dis. La loi de l'évolution veut que nous disparaissions car incapable d'évoluer. Les hommes sont-ils adaptés à la modernité ? Évidemment non. Ils se vantent de mépriser le shopping, mais ils ne savent pas que par là même ils signent leur arrêt de mort. A quoi sert un homme qui ne consomme pas ? A quoi sert leurs instincts guerriers, sauf à hurler comme des fous dans les stades ? "Consomme, ou crève !" depuis des années qu'on nous la répète, seules les femmes ont compris.
Dans deux générations l'homme disparaîtra. Il deviendra une "femme comme les autres". Peut-être même moins que les autres. Le fameux complexe d'Oedipe (qui n'a jamais existé sauf dans l'imagination d'un médecin viennois) disparaîtra des manuels de psychologie. Il sera remplacé par un nouveau complexe. Un complexe qu'éprouvent les hommes devant la capacité des femmes à donner la vie.
Baptisons-le : le complexe de l'utérus.
Dans deux générations, pas plus... tout cela sera réel. Alors profitons encore un peu, tant qu'il est temps.

jeudi 15 avril 2010

Soleil de minuit

Quel secret la nuit a-t-elle dévoilé au jour pour qu'il porte vers nous ces mystères parfumés ? Et par quel miracle le soleil a-t-il brillé au milieu de la nuit pour que soudain nos étreintes embrassent l'éternité ? Et en disant cela je vois toujours autour de toi se dresser ce mur de feu alors que tu cherches dans les flammes un sourire bienveillant. Sauter ou mourir lentement ? Et ce ciel qui brille comme une braise au-dessus de ta tête te dit qu'il n'y a d'issue ni en haut, ni en bas, alors n'espère pas atteindre la mer en marchant vers moi. Et même les roses finissent par mourir alors pourquoi s'inquiéter ? Et si un jour quelqu'un raconte cette histoire il commencera par "il était une fois". Mais en vérité il n'était pas une seule fois, mais plusieurs. Et ça, personne ne le sait sauf toi et moi.

mardi 13 avril 2010

Les animaux, eux, vivent et meurent en paix

On dit souvent que l'homme est un loup pour l'homme, mais a-t-on jamais vu un loup en tuer un autre ?
Et si cela par malheur arrivait, le loup a-t-il besoin d'invoquer les cieux, les dieux, les anciennes écritures et la justice pour justifier son crime ?
C'est pour ça que l'animal a plus de noblesse et de dignité que l'être humain.
L'être humain est imparfait. Il est en désaccord total avec lui-même, avec son semblable, avec le monde, avec la vie.
Pour couronner le tout, toi, être humain, tu as inventé le langage. Cette souillure sur le front de tout le règne animal, cette injure face à la vie. Tu as créé les mots pour cacher tes désirs, tu as inventé les phrases pour mentir.
Et le langage a créé tous les prétextes avec lesquels tu caches ta sauvagerie : "civilisation", "culture", "morale", "tradition".
Je te défie de marcher nu. Tu n'en es pas capable.
Un animal est plus digne que toi, car un animal au moins, quand il défèque, il ne se cache pas.
Un animal, au moins, quand il tue, il ne tue pas par plaisir.
A-t-on jamais vu un tigre sculpter des statues d'êtres humains ? A-t-on jamais vu une armée d'aigles porter comme étendard le dessin d'un visage humain ? Pourtant l'inverse est vrai.
Et c'est bien là la preuve que pour l'éternité, nous ne saurons égaler la pureté sauvage d'un tigre du Bengale ou d'un aigle royal.
Et puis, depuis les temps les plus reculés, a-t-on jamais vu un cheval, un moustique, une tortue ou un chat traverser une crise existentielle ? L'a-t-on jamais vu se demander quel était le sens de sa vie ?
Non, jamais.
Car les animaux, eux, ont accepté la vie comme elle est. Pas nous.
Les animaux, eux, vivent et meurent en paix.
Pas nous.
Pas nous.
Pas nous. Et c'est une bien douloureuse réalité.

dimanche 11 avril 2010

L'éternel Retour

« ... Cette fois-ci, pourtant, je viens en tant que Dionysos victorieux, qui va mettre le monde en vacances ... Mais je n'ai pas beaucoup de temps.»

Friedrich Nietzsche (dans une lettre à Cosima Wagner)