dimanche 8 avril 2007

Notre Père qui es aux cieux

Notre Père qui es aux cieux. Voilà quelques années que tu nous as quittés. 7 ans, ou 700, qu’importe. Que valent 7 années quand tu es éternel ?

Excuse-moi si je t’appelle mon Père. C’est parce que quelque part, je sens que tu es mon père. Excuse-moi aussi si je te prends parfois pour le Bon Dieu. C’est parce que les anciens nous parlent de toi comme ils parlent du Bon Dieu.

Tu nous as habitués à ton absence bien avant ton départ final vers l’éternité. Tu nous as quittés quand tu as vu qu’on se débrouillait bien. Quand j’ai grandi, j’ai connu de toi un vieux corps malade qui a traversé le siècle et sur lequel le siècle a laissé ses traces. Lorsque le temps a eu finalement raison de toi, tu l’avais déjà trompé des centaines de fois.

Ne t’inquiète pas pour nous Père ; nous nous en sortons bien. Notre famille est soudée et notre maison est belle et grande. Parfois il nous arrive d’oublier que sans toi, nous n’aurions pas eu une maison à nous. Mais les murs sont là pour nous le rappeler. Chaque coin, chaque fenêtre, chaque brique de cette maison porte encore tes empreintes. Ni le temps ni les hommes n’effaceront tes empreintes, parce qu’elles sont d’abord gravées dans nos cœurs.

La ville que tu as connue a bien changé. Elle est devenu un village. Les gens que tu as connus ne sont plus là, mais leurs bêtises sont toujours les mêmes. Nous sommes amis avec tout le monde, comme tu nous a appris. Nous ne cherchons pas la bagarre et nous restons polis avec nos voisins, comme de ton temps.

Beaucoup de mes frères passent leur temps à parler au Bon Dieu ces derniers jours. Ils croient que notre maison est trop petite pour eux, Père. Ils cherchent une famille plus grande. Moi je sais que je n’aurai pas d’autre famille que celle que tu as créée par ton combat et tes sacrifices. Mes sœurs ? Elles vont bien. Je crois qu’elles ont compris ce que tu leur as dit, même si elles ne l’appliquent pas toujours. Ton testament est bien réservé. il nous a été bien utile et nous le grderons pour toujours. Et dire que tu l’as écrit un demi-siècle avant de partir !

Grand Frère va bien aussi. Il est toujours là. Parfois, je ne comprends pas ce qu’il fait. Je crois qu’il est en train de refaire des erreurs que tu as faites et qu’il t’a reprochées. Mais lui il a moins d’excuses que toi. J’espère qu’il s’en rend compte. En tout cas moi je sais que Grand Frère ne te remplacera pas : nous aurons toujours un seul père et ça sera toujours toi. Avec Grand Frère nous ne nous sentons pas orphelins, mais tu nous manques terriblement.

J’ai quitté la maison Père. Je suis chez nos voisins, ceux-là même qui nous refusaient le droit d’avoir notre maison comme tout le monde. Je sais que tu les aimes bien. Ce n’est pas tant à cause de Grand Frère, c’est un peu plus compliqué. Beaucoup de mes frères aussi partent ailleurs. Mais nous ferons toujours partie de la famille, même si nous sommes loin.

On parle beaucoup de toi. Plusieurs disent du mal de toi et te reprochent de n’avoir pas été parfait. Qui est parfait dans ce bas monde ? Pas eux en tout cas. Tu as été un humain parmi les humains, mais à vouloir toujours bien faire les choses tu prenais parfois une allure divine. Les gens ne pardonnent pas aux dieux, Père, car les dieux sont parfaits. Moi je te pardonne, je sais que tu étais un Homme, un très grand Homme même s’il m’arrive de te prendre pour le Bon Dieu.

Je n’ai pas pleuré à ton départ, Père. Mais en ce moment j’essuie deux larmes qui coulent sur mes joues. Ne m’en veux pas Père.

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