dimanche 7 juin 2009

Texte et contexte

Les quatre posts ayant pour thème la tolérance dans les religions abrahamiques publiés sur ce blog avaient pour objectif de montrer que ces religions tiennent un discours contradictoire : d’un côté elles appellent à la tolérance (la paix, l’amour, etc., voir le 1er post et le 2ème), d’un autre côté elles appellent à l’intolérance (la guerre, la haine, etc. voir pour s’en convaincre le 3ème et le 4ème post).


Au-delà du jeu consistant à deviner l’origine de chaque citation sacrée, et qui montre au passage la difficulté de faire la différence entre un livre sacré et un autre, certaines réactions à ces posts m’ont montré que, manifestement, certains n’ont pas compris le message. Leopard s’hérisse pour « répondre aux énoncés concernant l’islam ». Comme si c’était de son devoir de défendre sa religion contre un quelconque diffamateur.


Il existe, pour les musulmans modernistes et ouverts, une échappatoire formidable qui leur permet d’avoir de bons arguments quand on les confronte aux contradictions internes du texte, et surtout, quand on leur pointe les endroits où les textes sacrés appellent à l’intolérance. Cette échappatoire s’appelle : « la contextualisation ». Ainsi, remettre un propos dans son contexte permet souvent d’en atténuer la teneur et de le relier à un cadre précis en dehors duquel il devient inapproprié de vouloir donner du sens au texte.


Malheureusement pour eux et pour nous, et je dirais même malheureusement pour tous les musulmans et les non musulmans de la Terre, la contextualisation est une arme à double tranchant. Pourquoi les citations qui appellent à l’amour, à la tolérance et la paix ne sont-elles presque jamais contextualisées ?


Prenons l’exemple du verset qui annonce « Nulle contrainte en religion ». Les exégètes confirment qu’il est caduc, et ce, depuis qu’un autre verset de la Sourate At-Tawba (la Repentance) a été révélé* ! (lire à ce propos le post de Mahéva ici). Les exemples peuvent être multipliés et la remarque vaut aussi pour les autres messages de tolérance issus des autres religions.


Le jeu de citer et de « décontextualiser » est une rhétorique archi-connue. Des prédicateurs aux responsables politiques, citer un verset « politiquement correct » est un argument en soi qui milite pour un certain type de discours politico-religieux. Ainsi, quand Barack Obama cite à plusieurs reprises le Coran, puis clôt son discours par trois citations issues des trois livres saints, personne ne s’insurge pour dénoncer une quelconque « décontextualisation » dangereuse des textes sacrés. Au contraire on s’en réjouit, et on est presque étonné de découvrir le même souffle humaniste et tolérant dans les trois religions.


Je souhaiterais conclure par une excuse : le verset que j’ai présenté dans le précdent post comme étant le verset 191 de la Sourate 2 est mal traduit, voire traduit de travers. Nasr n’a pas manqué de me le faire remarquer et je m’en excuse ici auprès de lui et de vous tous. N’empêche, je me permets d’apporter deux précisions :


1. Suite à un jeu de traductions / retraductions et à un jonglage entre l’arabe et le français, le verset que je voulais initialement traduire s’est perdu. Il s’agissait justement du fameux verset 5 d’At-Tawba retranscrit en bas de page*. Il y a des similarités évidentes avec le verset 2.191 (Al-Baqara) et la phrase-clé, si on veut décontextualiser au maximum est presque la même : « Tuez-les partout où vous les trouvez ».



2. Une malheureuse erreur de traduction n’enlève rien au fait que le Coran demande clairement aux musulmans dans ces versets de TUER. On pourra discuter du contexte de ces versets, mais justement, le contexte, certains s’en affranchissent sans scrupule et c’est bien là le problème !


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* : Sourate Attawba (9), Verset 5 :

9.5. À l’expiration des mois sacrés, tuez les polythéistes partout où vous les trouverez ! Capturez-les ! Assiégez-les ! Dressez-leur des embuscades ! S’ils se repentent, s’ils accomplissent la salât, s’ils s’acquittent de la zakât, laissez-les en paix, car Dieu est Clément et Miséricordieux. (c’est cette traduction que j’ai copiée ici)

2 commentaires:

mahéva a dit…

Merci pour cette lecture Mani. Je regardais avec stupeur le commentaire de Stupeur sur mon blog et je me demandais ce qu'il voulait dire par "ظرفية" (contextuelle).
Car si l'islam, de par le coran lui même, est bon ou utile n'importe où et n'importe quand, alors cette idée même de contexte devient incohérente.

Anonyme a dit…

où es-tu mon ami?

Ben