Pour la fleur de jasmin qui m'envoie des mots parfumés
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D'où viens le mot personne ? De persona, en grec ancien. Ce mot désignait à l'origine le masque que les acteurs mettaient pour jouer une pièce de théâtre. La personne est donc le masque que l'acteur met pour rendre crédible un "personnage". Ceci est valable aussi bien pour le théâtre, que pour la vraie vie : la personne que nous sommes n'est rien d'autre qu'un simple masque que nous mettons pour rendre crédible le personnage social que nous jouons, ou essayons de jouer.
Qu'est ce qui se passe lorsqu'on jette le masque ? Existe-t-il quelque chose qui se cache derrière la personne ? Et si oui, cette chose vaut-elle la peine d'être retrouvée et réhabilitée ?
Dans "Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain" l'héroïne nous apporte des réponses à toutes ces questions : quand on jette le masque, notre vraie identité apparaît au grand jour, et cette identité mérite bien d'être retrouvée. En tout cas, dans le film c'est grâce à ces retrouvailles que le bonheur devient possible (en l'occurrence être avec la personne aimée). (pour plus d'infos sur ce film, cliquez ici)
Un premier niveau de séparation réside donc dans la différentiation entre le Moi social et le Moi intime (souvent ignorée et refoulé). Mais si on pousse la réflexion plus loin, pourquoi ne pas voir ce Moi enfoui comme plusieurs Mois et non pas un ?
Personnellement je soutiens l'hypothèse selon laquelle au fin fond de l'âme humaine habitent tous les personnages qu'on a dû jouer dans le passé, ceux qu'on aurait pu jouer, et ceux qu'on désire jouer. Ce sont des Mois différents les uns des autres, qui se côtoient, cohabitent et s'expriment au sein d'un même être. Ces personnages sont différents, mais aussi contradictoires et inconciliables, et c'est là tout le drame. Car il ne suffit pas de savoir dévoiler le Moi véritable en cassant son image sociale (la persona) pour aspirer à un équilibre psychique quelconque, mais encore faut-il s'accommoder avec une multitudes de Mois qui surgissent au fond de nous. Le jeu serait alors de savoir passer de l'un à l'autre, et de se dire à chaque fois : "ça, c'est aussi Moi". Le jeu est de les accepter, un à un, et de leur aménager chacun un espace d'expression dans notre vie.
Freud nous enseigne que trois entités cohabitent péniblement à l'intérieur de nous. C.G. Jung met en évidence la persona comme masque social arboré par l'individu. Nietzsche nous incite à rejeter la personne sociale au profit de l'individu libre et créateur. Il nous met en garde aussi contre la momification de cet individu : au lieu de l'Etre, c'est le Devenir qu'on se doit de célébrer : le divers, le changeant, le multiforme.
La voix de Bouddha, quant à elle, nous vient du fond des âges pour retentir avec force et conviction : "Le Moi n'est qu'une illusion".
4 commentaires:
"Parlez-moi de moi, y a que ça qui m'intéresse..."
Tous ces "moi" et émois, c'est ce qui fait notre richesse, c'est vrai pas toujours facile à gérer.
Sympa d'écrire sur un ciel bleu :)
Ce post m'a rappelé une vielle chanson :
...
It was solid
Yet ever changing
It was different
Yet the same
So i starve myself for energy
Had there always been balance?
... surely not
THEREIN LIES THE BEAUTY!
DARK TRANQUILITY
C'est fou ce qu'on peut apprendre en écoutant le Metal, d'ailleurs ce sera un des sujets que je publierai prochainement
Ouh la il est minuit quarante et je crains d'écrire des choses peu intelligentes sur le Moi.
En revanche je suis encore capable à cette heure de dire que persona est un mot latin ! Paraît même que c'est de l'étrusque latinisé mais bon moi je n'ai pas fait étrusque langue vivante 1 au collège !
C'est effectivement le nom du masque de théâtre (comédie et tragédie) antique et ces masques ont la particularité de servir de porte-voix, et c'est sans doute cela qui explique d'ailleurs la signification initiale du mot.
Effectivement c'est un masque qui sert à caractériser un type de personnage précis. On peut imaginer le masque du maître, celui de l'esclave, celui de la matrone, celui de la jeune fille, celui du voleur, ... il s'agit donc de stéréotypes.
Reste donc à savoir si l'humain, en portant un masque, s'applique à ressembler à un type précis d'individu, je sais pas, disons par exemple "le macho", "le bon samaritain", ...
C'est vrai que l'on rencontre souvent des gens qui pensent que la simplicité réside dans leur sophistication. En général on repère rapidement ces gens qui ont l'air de porter un masque en effet. Mais on ne parvient pas forcément à percer le masque car cela demande du temps, de l'attention, de l'écoute et de la réflexion.
En tout cas j'ai du mal à concevoir tout cela ; je n'ai pas l'impression de jouer la comédie très souvent ! La tragédie un peu plus souvent mais comme je l'écrivais il y a quelques semaines sur mon blog j'ai l'impression parfois d'être un poète tragique dans sa vie... donc pas besoin de jouer ce rôle qui est naturel ! :) sinon je ne joue pas sauf pour parfois en rajouter un peu quand j'essaie de faire comprendre à quelqu'un combien son absence ou son silence me trouble. Dans ce cas je n'hésite pas à mettre le paquet parce qu'il faut bien réveiller un peu les esprits inconséquents qui prennent l'amour ou l'amitié pour des produits jetables. C'est une vraie peste.
Pour ma part je me trouve plutôt naturel ; j'ai tendance à dire ce que je pense, y compris parfois quand je ne le devrai pas ou en sachant que cela va créer des tensions. Sinon je préfère me taire en général plutôt que de dire autre chose que ce que j'ai envie de dire. Les gens m'arrêtent dans la rue pour me demander des renseignements ; bref j'ai apparemment un masque de bienfaisance sur le visage... mais c'est conforme apparemment à l'intérieur. :)
Bon c'était un commentaire nul mais maintenant il est presque 1h00 du matin donc je décline toute responsabilité pour ce que Roumi a écrit de la pensée de l'être dont il n'est que le masque... mais un masque réaliste ! :)
le paragraphe 5 c'est moi:D
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